jeudi 26 janvier 2017

Le piège de la "lutte contre l'islamophobie"

Déniché par Natacha Polony (mais si !) et cité cette semaine dans sa revue de presse sur Europe 1 -que j'écoute, bien m'en prend, même si elle m'agace souvent- cet article de LUTTE OUVRIÈRE m'a vraiment plu. Avec leur accord, je le partage ici. L'extrême gauche et les mouvements altermondialistes pratiquent le relativisme culturel sous couvert de lutte contre l'"islamophobie". A l'opposé, cet article de Lutte Ouvrière propose un décryptage matérialiste convaincant.

    " Une politique de construction de fronts pour « lutter contre 
 l’islamophobie » est de plus en plus défendue par une partie de l’extrême gauche. Au point de perdre tout repère de classe, et d’user de démagogie vis-à-vis de l’islam politique.
Le débat sur cette question s’est amplifié avec les différentes affaires de jeunes filles voilées à l’école, à partir de 1989, et surtout après la loi de 2004 sur l’interdiction du voile à l’école. Il s’est poursuivi avec la polémique sur l’interdiction du voile intégral dans l’espace public, adoptée en 2010.
Depuis les attentats de 2015 et 2016, cette question a pris de l’ampleur. Par exemple, le lamentable épisode de l’affaire du burkini a remis en lumière, l’été dernier, la façon dont les politiciens de droite comme de gauche sont prêts à faire feu de tout bois pour détourner l’attention de l’opinion des problèmes essentiels du moment, par démagogie électorale.
Cette récupération de la question du voile, de la burqa ou du burkini par des politiciens qui se moquent de l’oppression des femmes et ne sont laïcs que lorsqu’ils parlent de l’islam, est choquante. C’est une campagne raciste.
Pour autant, en tant que militants communistes, nous sommes aussi des adversaires résolus de toutes les religions et de toute oppression, et l’actuelle campagne ne doit pas faire perdre aux révolutionnaires toute boussole.

La galaxie de l’anti-islamophobie

Depuis plusieurs années, une galaxie de groupes se donnant pour objectif la « lutte contre l’islamophobie » se développent et prennent diverses initiatives. Certains, comme l’UOIF (Union des organisations islamiques de France) ou PSM (Participation et spiritualité musulmanes), sont ouvertement des associations de prosélytisme religieux. D’autres se défendent d’être des organisations religieuses et se cachent derrière des revendications d’égalité, de lutte contre le racisme et contre l’islamophobie. C’est le cas du CCIF (Collectif contre l’islamophobie en France), de Mamans toutes égales, du Collectif une école pour toutes, Féministes pour l’égalité, et plus récemment d’Alcir (Association de lutte contre l’islamophobie et les racismes). Le Parti des indigènes de la République (PIR) est aussi à ranger dans cette galaxie.
Depuis l’attentat contre Charlie hebdo, en janvier 2015, les initiatives de ces groupes se sont multipliées : rassemblement anti-islamophobie le 18 janvier 2015 à Paris ; meeting contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire le 6 mars 2015 à Saint-Denis ; Marche de la dignité et contre le racisme organisée par le PIR le 31 octobre 2015 ; meeting à Saint-Denis contre l’état d’urgence le 11 décembre 2015, ou encore, le 21 septembre dernier, le meeting d’Alcir baptisé « Pour un printemps de la liberté, de l’égalité et de la fraternité », organisé dans le 20e arrondissement de Paris.
Ces différentes initiatives ne prêtent pas forcément à la critique. Le rassemblement du 18 janvier 2015 était une réponse à une manifestation d’extrême droite organisée le même jour pour « expulser tous les islamistes ». Et organiser des réunions contre l’état d’urgence ou marcher contre le racisme peut sembler juste. La question est de savoir qui organise ces initiatives, quelles idées s’y expriment, et ce que des militants qui se disent d’extrême gauche y font et y disent.
Ces rassemblements ont tous été en réalité des tribunes pour des organisations islamistes et communautaristes.

Lors du rassemblement du 18 janvier 2015, des jeunes brandissent des drapeaux algériens, turcs, marocains, des panneaux portant des sourates du Coran, et une grande banderole : « Touche pas à mon prophète ».
Le meeting du 6 mars 2015 était coorganisé par l’UOIF. Celui du 11 décembre faisait, lui aussi, la part plus que belle aux militants religieux. Certes, des laïcs (journalistes du Monde diplomatique ou représentante du Syndicat de la magistrature) s’y sont exprimés, mais en partageant la tribune avec Tariq Ramadan, Ismahane Chouder, porte-parole de PSM, ou Marwan Muhammad, porte-parole du CCIF.
On retrouve les mêmes parmi les signataires de l’appel pour le meeting d’Alcir du 21 septembre 2016. Le nom des porte-parole des associations et groupes religieux musulmans figure sur l’affiche, ornée d’une photo d’une femme voilée drapée… dans un drapeau bleu-blanc-rouge.
Parmi les signataires de cet appel on trouve le NPA, qui a appelé à ce meeting sur son site, avec cette affiche puant le patriotisme et le républicanisme.
Ces différentes initiatives se sont faites avec la participation ou le soutien de groupes ou partis de gauche (Attac, Ensemble, EELV) ou d’extrême gauche (anarchistes libertaires, antifas, NPA). Et le 18 décembre 2016 encore, a eu lieu une conférence internationale contre l’islamophobie et la xénophobie, à Saint-Denis, à laquelle appelaient conjointement le Parti des indigènes de la République et le NPA, et dont l’appel était signé par Olivier Besancenot et Tariq Ramadan.

Des organisations obscurantistes et réactionnaires

Il est vrai que le NPA reconnaît des désaccords politiques avec certaines de ces organisations. Certes ! Quand on sait qui sont ces porte-parole de l’anti-islamophobie à côté desquels une partie du NPA juge bon de s’afficher, on est même en droit de juger que le mot est faible.
L’UOIF ? Elle a participé, en toute logique, aux défilés contre le mariage homosexuel. Elle a notamment accueilli dans ses congrès Christine Boutin, Dieudonné, Alain Soral, et les deux égéries de la Manif pour tous, Frigide Barjot et Ludovine de La Rochère. Réactionnaires de toutes religions, unissez-vous !
Le CCIF est représenté par Marwan Muhammad. Cet ancien trader donne aujourd’hui des conférences en compagnie d’Abou Houdeyfa, l’imam de Brest qui explique dans ses prêches que ceux qui écoutent de la musique « seront transformés en singes ou en porcs ». Marwan Muhammad signe régulièrement des communiqués communs avec Idriss Sihamedi, responsable de l’association BarakaCity, lequel, sur un plateau télé en janvier 2016, expliquait qu’il était « un musulman normal », et qu’en conséquence il « ne serre pas la main des femmes ». Récemment Marwan Muhammad, lors d’un débat, a affirmé que la polygamie ne le regardait pas, puisqu’elle était, « comme l’homosexualité, un choix de vie 
personnel ».
Terminons ce bref tour d’horizon avec l’association PSM (Participation et spiritualité musulmanes), représentée entre autres par Ismahane Chouder, militante provoile, antiavortement et homophobe, qui se définit pourtant comme féministe et a pris la parole dans tous ces meetings. Hassan Aglagal, un militant marocain du NPA, plus lucide que nombre de ses camarades, écrit dans une tribune intitulée Assez de PSM dans nos luttes : « Participation et spiritualité musulmanes (PSM) est l’association qui représente en France le mouvement Al Adl Wal Ihsane (Justice et bienfaisance), mouvement de l’islam politique fondé en 1973 au Maroc par le mystique soufiste Abdelassame Yassine. » Ce groupe est notamment responsable, au Maroc, « de l’assassinat de deux étudiants d’extrême gauche », en 1991 et 1993...

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Le retour des « races »


Continuer la lecture sur le lien vers le site du mensuel Lutte de classe

Lutte de classe à lire et télécharger sur le site du mensuel de Lutte Ouvrière.

« La religion est irréconciliable avec le point de vue marxiste. Celui qui croit à un autre monde ne peut concentrer toute sa passion sur la transformation de celui-ci.» Léon Trotsky

mercredi 18 janvier 2017

Némésis

Je vous propose cette semaine un billet du blog de Volu Bilis : la biographie de Némésis, Grande Déesse primordiale d'avant le patriarcat qui a certainement inspiré le dieu des religions révélées (petit copier-coller revanchard) lors du grand Renversement où les déesses-mères ont été chassées des spiritualités humaines pour cause de faillite à nous protéger contre les catastrophes naturelles, et ont été remplacées par des dieux mâles, éruptifs et de colère : Jupiter puis Yahvé. Si Némésis n'est pas passée dans le langage en français, elle hante celui des anglo-saxons qui répètent à l'envi que tel ou telle va trouver sa némésis. Mais place à Volu Bilis.

Némésis - Alfred Rethel - 1837

" Némésis est une fille comme je les aime... Son nom vient du grec nemeinn qui signifie "répartir équitablement". Le surnom qu'on lui donne dans certaines tragédies antiques, Adrastée, signifie "celle à laquelle on ne peut échapper" ; on la surnomme aussi l'implacable.
Bref, une bonne copine à moi. Si vous la croisez, c'est plutôt mauvais signe, c'est pas une rigolote.

Cette -discrète- déesse de la mythologie grecque personnifie la vengeance divine, non pas cataclysmique et aveugle, mais juste et source d'équilibre. En quelque sorte, elle distribue les bons et les mauvais points. Elle punit tout particulièrement l'hybris, la démesure humaine masculine, celle qui consiste à se croire l'égal des dieux, le truc qui a poussé Prométhée à voler le feu de l'Olympe. Mais pas seulement : elle fesse les enfants désobéissants, venge les crimes d'infidélité ou massacre le trop grand bonheur des nantis. Ses attributs sont le sablier et la tige de mesure, la roue de la fortune, la balance, l'épée et le fléau..., elle est parfois ailée, ou montée sur un chariot tiré par des griffons (c'est quand même plus facile pour harceler de remords le quidam trop avantagé).

Némésis - Georghe Tattarescu - 1853

Elle punit Aura, une nymphe orgueilleuse qui avait mis en doute la virginité d'Artémis. Il est "amusant" de voir que les textes que j'ai trouvé affirment que le châtiment n'a pas été aussi cruel que l'aurait voulu Artémis, qui voulait la voir changée en statue par Némésis... or sa punition consista a être violée par Dyonisos, lui retirant la virginité dont elle était si fière.

D'ailleurs, Némésis se fera surprendre à son tour par Zeus qui courait tous les jupons du monde et au-delà. Elle repoussa longuement le dieu tout-puissant en prenant diverses formes animales, malheureusement Zeus en était tout aussi capable qu'elle. Feignant un jour d'être un cygne pris en chasse par Aphrodite, il se réfugia auprès de Némésis qui avait elle-même pris l'apparence d'une oie... blanche donc, puisqu'elle l'accueillit sous le tendre duvet de ses ailes avant de s'endormir. Suite à l'union qui ne manqua pas d'avoir lieu, elle pondit un œuf qui fut ensuite remis à Léda, femme de Tyndare. Il en sortit Hélène ainsi que Pollux. Ne vous étonnez pas, en suivant le lien, de lire que Léda est aussi considérée comme la victime de Zeus, c'est apparemment la famille tuyau-de-poêle, ces dieux de l'Olympe.

Némésis elle-même est née de parents inconnus. Parfois, elle n'a pas de père : quand elle naît, selon les versions de Nyx, la Nuit, ou d'Anankè, la Nécessité, le Destin, ou encore de Dikè, la Justice, elle naît alors par parthénogenèse, une reproduction uniquement féminine ; d'autres fois, elle n'a pas de mère -elle a alors pour père Océan ou même Zeus. Ce flou artistique est peut-être dû au fait qu'elle est l'une des déesses les plus primitives, avatar de la Grande Déesse originelle. Cette primauté lui vaut de n'être pas soumise aux lois des dieux de l'Olympe et donc de pouvoir agir en toute autonomie.

Plus tard dans la mythologie latine, elle devient la patronne des gladiateurs. Ces hommes (et ces femmes) tâchaient de mériter leur gloire et leur fortune, ou encore de se racheter une conduite dans la douleur, un truc qu'elle devait kiffer !

Dès l'Antiquité, en encore aujourd'hui, le nom commun némésis désigne désigne la vengeance et la juste colère, et par extension, l'ennemi.

Mais, ce n'est pas tout. En 1984, un chercheur de l'Université de Berkeley, Richard A Muller, utilise son nom pour désigner une étoile hypothétique compagne de notre cher soleil. Hypothétique, car elle n'a jamais été observée ni même détectée.




On soupçonne son existence à partir de la périodicité des grandes extinctions des espèces vivantes de la Terre, dont on l'accuse sans détour. Elle serait une toute petite étoile, plus légère, moins brillante que le Soleil, forte d'une période de 26 millions d'années. Lorsqu'elle est au plus près du soleil, elle fout un bronx monstre dans le Nuage d'Oort, où se trouve un grand nombre de comètes, ce qui provoque la ruée de ces corps célestes dans notre système solaire, et donc potentiellement sur notre planète. Ainsi seraient morts les dinosaures.

Quoique en cherchant un peu vous trouverez des allumés qui vous expliquent qu'elle est très réelle et très proche et serait responsable de l'inversion des pôles et des dérèglements climatiques, je vous rassure son existence est très contestée et, si tant est qu'elle existe, elle serait aujourd'hui logiquement à son apoastre, c'est à dire à son point le plus éloigné du soleil. La vengeance (avec un V comme Volu), c'est pas pour tout de suite."

PS par Hypathie  : pas pour tout de suite, sait-on jamais, à force de la tenter, les arbres ne montant pas au ciel, il vaut mieux recommander la prudence. Nous sommes tout aussi triomphants sur la planète que l'étaient les dinosaures, juste au moment où ils ont rencontré leur némésis.

Le billet écrit par Volu Bilis est par ici en suivant ce lien.

mardi 10 janvier 2017

Les poches sont politiques

" Les hommes ont des poches pour ranger des choses, les femmes ont des poches pour la décoration " Christian Dior

"Les hommes s'occupent à faire des choses, les femmes sont occupées à être regardées, qui a besoin de poches ?"
Au début tout le monde porte des sacs, la poche cousue sur le vêtement est une technologie avancée. Des sacs genre tote-bags, des pochons tissés ou en peau de bête au bout de bâtons, ou en bandoulière, sans doute pour transporter des bébés, de la nourriture, et des armes. Puis les sacs, ou bourses de toile (qui évoquent bien un petit sac), vont prendre toutes sortes de tailles et être accrochés à une ceinture, perdus dans des plis de vêtements amples pour éviter les vols ou d'être détroussé -le mot implique bien le déshabillage imposé- pour vous piquer votre monnaie d'or ou d'argent : se faire détrousser au coin d'un bois ! L'expression est restée dans le langage. Tout le monde a des bourses ou des aumônières accrochées à la ceinture ou au poignet. L'aumônière est portée aussi bien par les hommes que par les femmes. Puis à la Renaissance, les aumônières pour hommes disparaissent au profit de poches dans les vêtements, et, pour les femmes, par des châtelaines où elles accrochent leurs parfums, pièces, carnets... car les vêtements perdent en volume. Pas commode du tout l'aumônière, les femmes continuent à être encombrées de choses qui pendent. 



Au XVIIIème siècle, les hommes ont des poches cousues sur leurs vestes et pantalons, alors qu'à la même époque les femmes cachent sous leurs bustiers et paniers de lourds sacs décorés contenant tout ce qui peut leur servir : sels, carnets, clés, monnaie, montres, peignes, bref les mêmes choses qu'on trouve aujourd'hui dans les sacs à main de femmes.


Le réticule, ancêtre du sac à main, s'impose définitivement à la
Révolution : les mètres de tissus des robes d'avant disparaissent au profit d'une robe plus étroite, culminant en colonne, la ceinture sous les seins avec  l'Empire. Plus moyen d'y dissimuler des sacs dans les plis des vêtements. Le sac apparent, extérieur, s'impose aux femmes. Les vêtements des hommes ont eux définitivement adopté les poches cousues dans leurs pantalons et vestes. Or la Révolution française redéfinit les termes de propriété, de droits, de privé et de public. Les poches des femmes deviendraient des espaces privés où elles pourraient transporter ce qu'elles veulent : une arme pour se défendre, un pamphlet séditieux, après tout la Révolution peut aussi donner des idées aux femmes, et même pour un révolutionnaire, c'est dangereux ! Moins elles peuvent transporter de choses dans des poches, moins elles ont de liberté. Les hommes ne font que des demi-révolutions, le contrôle des femmes reste leur priorité, la révolution oui, mais pas pour tout le monde. Qui cuirait le dîner ?


A la fin du XIXème siècle souffle un vent de liberté : les corsets qui serrent la taille sont abandonnés pour des tenues plus rationnelles, des blouses et des robes déstructurées, des bloomers, même des pantalons qui favorisent le mouvement, notamment à bicyclette. Les poches abondent dans les vêtements, ceux des hommes peuvent en avoir jusqu'à 15. En 1899, le respectable New york Times proclame que plus on est civilisé, plus on a besoin de poches ! Le mouvement féministe, les Suffragistes, les Blue Sockings (bas-bleus), les femmes diplômées qui revendiquent les mêmes droits que les hommes renoncent aux vêtements étroits à la mode et se pavanent les mains dans les poches. D'autant que le costume de la suffragette en a plein, 7 ou 8 parfaitement visibles, et accessibles par sa propriétaire. Et commence à apparaître l'inquiétude qu'elles peuvent y cacher des choses secrètes, privées, voire dangereuses. Pour les hommes : rien n'est plus dangereux qu'une femme libre qui transporterait dans ses poches une arme pour se défendre ! 

Image du film "Les suffragettes" - Sarah Gavron - 2015

Insidieusement, les choses vont évoluer en faveur du sac : les couturiers hommes dessinent des vêtements de plus en plus étroits avec des poches minuscules à but décoratif, où il est impossible de rien glisser. Le sac, d'outil (in)commode est passé au statut d'accessoire de mode : il est donc devenu désirable. Les femmes l'assortissent à leur tenue et aux occasions ; elles y mettent leur vie : photos de famille, papiers d'identité, tube de rouge à lèvre, spray de défense, chéquier, mouchoirs, tranquillisants, téléphone, éventuellement pied de biche (c'est mon cas quand je voyage en voiture, on ne sait jamais, une serrure qui se bloque ou la clé qui tombe du mauvais côté, sans compter que si un quidam vient vous emmerder, il est dissuasif, celles qu'on a essayé de tuer sur les routes ou aires d'autoroutes comprendront !).

Vous l'avez compris, les femmes sont en-com-brées ! D'enfants, de paniers à provisions, de poussettes, de sacs A MAIN. C'était le but de la manœuvre : l'encombrement sied aux femmes. Il les empêche de courir et de courir vite, il les entrave, elles avancent ainsi moins librement dans la vie. Petite pochette pour le soir, elle ne peut rien contenir, même pas un trousseau de clés qui la déformerait, vous devenez dépendante des autres pour le ranger ; gros, il devient lourd et vous ne trouvez plus rien dedans, l'objet que vous cherchez est descendu au fond quand vous en avez le plus besoin. Pendant que les hommes se déplacent les mains dans les poches, "les femmes portent dans leur sac le poids de la famille". Et bien sûr tout ça est voulu, construit socialement. A nom de quoi les femmes devraient-elles transporter sur elles dans un sac leur vie privée, familiale et celle de leurs enfants, ou même une trousse de maquillage, alors que les hommes s'en dispensent* ? Parce qu'ils comptent sur nous pour faire mules pour transporter leurs affaires ? Les poches sont décidément politiques. Sortir les mains dans les poches -plusieurs grandes poches pouvant contenir une trousseau de clés, un mouchoir, et un petit livre, voire un spray d'autodéfense, est un acte d'émancipation. Mains libres, tout dans les poches, le nez au vent, éventuellement un chien sur les talons, la liberté et la légèreté, quoi ! Vivent les poches.


Ces 2 images trouvées sur Pinterest

Liens : Mon billet s'inspire librement de cet article en anglais :
The politics of pockets
Libération : Le sac, témoin de la place de la femme dans la société.
Chez Womenology : Le sac à main : révélateur du quotidien des femmes.

* Les hommes peuvent porter aussi des sacs : mon père allait au travail aux champs avec sa musette contenant son casse-croûte ; les ouvriers ont des besaces et des gamelles contenant leur repas ; les hommes d'affaires ont des attachés-cases et des mallettes d'ordinateurs ! Tous très relatifs à la fonction. Mais, avec l'avènement du métrosexuel, voici le sac pour homme (pas à main, quelle horreur, il ne doit surtout pas émasculer le viril) : sac de sport, sac à dos, sac polochon qui peut passer pour un sac de sport, et même cabas ! A lire cet amusant article de 2006 à propos des précautions employées pour ne surtout pas faire chochotte avec un sac quand on est un mec. D'ailleurs si vous êtes un homme à sac (à dos, polochon...) et que vous passez par ici, laissez-moi un commentaire pour me dire ce que vous y mettez, c'est intéressant. Merci d'avance.

vendredi 6 janvier 2017

Notre Dame des Landes : On veut garder notre grosse éponge !

J'ai trouvé sur Twitter ce petit film tourné au printemps 2016 par l'association Yemanja dans le bocage de Notre-Dame des Landes. A 20 Km au nord de Nantes, ce morceau de terre d'environ 1800 hectares à été conservé depuis les années 50 par le département de Loire-Atlantique qui a racheté les terres des paysans au fur et à mesure de leurs départs en retraite, dans le but d'y construire une piste d'aéroport pour le Concorde. C'est beau, c'est magnifique. Personne n'y a touché, les talus et les haies d'arbres y sont toujours, les paysans restants et les zadistes se contentant d'y vivre sans agresser le milieu. Ce morceau de terre est irremplaçable et si on le touche on ne le retrouvera jamais, dit Françoise Verchère, opposante au projet : ni le paysage, ni ses habitants animaux, insectes, végétaux..., ni les services qu'il nous rend ; la biodiversité y est exceptionnelle, il nous sert de grosse éponge contre le ruissellement des eaux sur les toiles cirées qui nous entourent et de garantie contre les inondations. Alors oui, on veut garder notre grosse éponge, ses haies, ses arbres et ses petits habitants : oiseaux, grenouilles, tritons, libellules, campagnols et ragondins !
C'est beau et vivant le bocage de Notre-Dame des Landes. Voici neuf minutes de bonheur :




Plus que jamais : non aux expulsions, non à l'aéroport ! Aménagez Nantes-Atlantique, la Bretagne et le Pays de Loire n'ont pas besoin d'un aéroport de plus. Le Concorde est mort. Gardons cette merveille, arrêtez de bétonner, arrêtez de vitrifier la nature et d'empiéter sur le territoires des autres espèce. L'abandon, c'est maintenant. 

Lien : Léo Leibovici : Notre-Dame des Landes : un site écologique unique

dimanche 1 janvier 2017

Bonne année 2017

En 2017, suivez les sorcières, elles indiquent le chemin ! Vu l'année virile qui se profile avec tous les burnés fraichement ou anciennement élus, mais toujours en train de montrer les muscles, ça me paraît une bonne prophylaxie : un peu de paganisme dans toutes les bondieuseries ambiantes et concurrentes ne nuit pas :)



J'emprunte avec sa permission cette image à ValKPhotos, artiste photographe à suivre sur les médias sociaux : Flickr, Valk agrégateur, SeenThis. Elle fait régulièrement des reportages sur la ZAD de Notre-Dame des Landes.

Je vous encourage à aller lire cet intéressant article, un peu tunnel, sur Le Partage, site français du mouvement Deep Green Résistance (écologie profonde) : Réflexion sur notre situation écologique planétaire ; mais pas une seule fois, il ne mentionne le patriarcat, cette construction sociale qui infeste toutes les sociétés humaines, des "civilisés" aux "primitifs" entre lesquels il n'y a pas où glisser l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette ! Le site est "contre la civilisation, contre l'état, contre le progressisme", mais apparemment, pas contre le patriarcat qui en est le grand ordonnateur ! Les maux qui y sont décrits sont la croyance au progrès, le saccage des ressources et de la biodiversité par les populations humaines, l'industrialisation et le marketing, la récupération des idées les plus nobles pour les dévoyer et en faire de l'argent et du profit, mais il n'y voit pas l'ombre des méfaits du patriarcat, cette construction sociale parasite.

J'aime beaucoup cette citation de Virginia Woolf, tirée de son Journal : tout ce dont elle a dit avoir besoin, la solitude (sauf l'ultra moderne dans la multitude), l'espace, l'air (surtout pur), les champs vides, et l'existence des animaux. Ils nous manquent déjà cruellement, 70 ans après. Qu'elle accompagne votre année.


o0o

PS qui n'a rien à voir. Je profite de ce billet pour dire à mes trois cents abonné.es Facebook où j'ai ouvert un compte en juillet 2016 -si jamais illes passent par ici- que le grand Oracle du big data m'a bloqué mon compte une première fois au motif que je DEVAIS avoir une page plutôt qu'un compte (ah bon, c'est lui qui décide, pour prix de mon remplissage de ses tuyaux ?) et la deuxième fois parce que JE DOIS mettre mes vraies coordonnées : nom, prénom, adresse, téléphone, et ENVOYER une PIECE d'IDENTITE pour confirmer tout ça ! C'est la règle d'airain de FB, sauf que depuis que j'en parle autour de moi, évidemment, tout le monde est sous un pseudo, -le dernier en date le propriétaire de ma laverie automatique qui fait 12 000 clics par mois sous un pseudo - et il n'y a qu'à moi que ça arriverait !
Bon, comme je ne bloque même plus sur le fait de donner mon identité (comme si l'anonymat existait sur le net et le numérique, encore une légende urbaine, si vous êtes un mauvais garçon et que la maréchaussée vous cherche, elle vous trouve, voici ce qui est arrivé à un djihadiste de Marseille qui twittait sous un pseudo), MAIS sur le fait 1) de faire voyager sur le réseau une pièce d'identité -même ma carte de bibliothèque- avec les risques d'usurpation d'identité que cela comporte, et 2) que je refuse absolument que le Maître du big data stocke une de mes pièces d'identité dans ses serveurs (piratables) en Californie, c'est à dire échappant à la loi française : il va de soi qu'il peut se brosser. C'est de l'abus de pouvoir au plein sens du terme. D'autant plus que FB viole ses propres lois, et la vie privée de ses abonné.es ! Donc wait and see, je ne maîtrise rien du tout, et ce n'est pas de la bouderie de ma part. Je ne peux même pas supprimer mon compte, pour autant qu'un compte FB soit supprimable avec des sauvegardes de toute sa base de données toutes les deux heures, puisque je n'y ai plus accès. En revanche on peut me trouver, outre ici sur Blogger, sur Twitter, Pinterest, exactement sous le même avatar-pseudo. Ces médias ne me demandent pas de carte d'identité. Merci de votre fidélité :)