vendredi 4 septembre 2015

Féminisme et question animale

Être féministe, c'est déjà jeter un pavé dans la grande mare consensuelle du paternalisme condescendant de la société patriarcale dont une majorité de femmes se contentent, voire trouvent accommodant pour les quelques "avantages" qu'il procure, masquant l'ampleur effrayante de la discrimination, de la pauvreté, des injonctions (sur)plombantes -au mariage, à la reproduction-, et de l'assommoir culturel qui nous matraque à longueur de journée que nous ne sommes au fond que des mineures, des irresponsables devant être cadrées (les religions sur le divorce et l'IVG, notre tenue, entre autres) des méchantes (les femmes, c'est pire, entend-on souvent), et des incapables au sens juridique et professionnel du terme.

Alors en plus, être végétarienne/végane et prétendre que l'oppression des mâles suprémacistes sévit aussi dans la façon dont la société (mâle)traite les animaux, nos "frères inférieurs" (la hiérarchie est consubstantielle au système), notamment les femelles animales dont le corps est exploité jusqu'au trognon par les éleveurs, les animaux mâles considérés pour la plupart inutiles, ou même des surnuméraires dont on doit se débarrasser au plus vite : là on va vous dire que vous poussez le bouchon. Mauvaise convive, aigrie qui voit le mal partout, mal baisée, mange ce qu'on met dans ton assiette, sers nous le café et fais la vaisselle après. Les rituels de table chez les humains se veulent consensuels et festifs, ils ne laissent pas de place aux opinions / options discordantes de celles qui ont des états d'âmes vis à vis du morceau de cadavre qu'on prétend leur faire manger, et qui pinaillent sur la façon dont l'animal a été élevé, transporté, puis tué. "C'est que des bêtes, après tout, et il y a tellement de malheur chez les humains, charité bien ordonnée, bla, bla, bla..", vous connaissez, on vous a tellement cassé les ovaires avec. Sans compter que vos opinions peuvent donner des idées et déteindre sur les enfants présents à la même table, où le dressage patriarcal contre l'empathie s'exerce là aussi, férocement. Feminist killjoy, va.


Et bien, bonne nouvelle, sachez que vous n'êtes pas seules. L'UQAM (Université du Québec à Montréal) tenait la semaine dernière son 7ème Congrès International en Recherches Féministes dans la Francophonie (CIRFF) dont une journée était consacrée aux Approches féministes en éthique animale et environnementale. Y participaient plusieurs écoféministes de renom dont j'ai déjà parlé sur ce blog. Il fallait donc être à Montréal mercredi 26 août ! La notion d'écoféminisme a été inventée en France, mais elle s'est exportée, les françaises n'en ont rien fait ;(( Pour celles qui comme moi n'étaient pas à Montréal, à défaut d'avoir assisté à la conférence d'Elise Desaulniers, par exemple, j'ai sélectionné ses slides à propos de la parole des femmes sur la question animale. Il suffit de cliquer sur la flèche jaune à droite pour les faire défiler ; c'est mieux aussi en fonction plein écran, à droite, dans la marge du bas. Elle y dit que dans les associations de protection animale, comme partout, dès que des femmes pionnières ont inventé, imposé l'idée et défriché le chemin, les hommes arrivent, industrialisent et... prennent le pouvoir. Que la parole des femmes, frappées du syndrome de Cassandre, ne porte pas ; que nous serions trop émotives et que l'émotion n'est légitime que quand ce sont des hommes qui l'expriment... et que la colère est nettement mieux portée par eux, les femmes, elles, sont hystériques...Bref, là comme ailleurs, l'affreux patriarcat sévit à plein.



Ressources
En complément d'information on peut aller sur quelques sites de philosophes et écoféministes :
Penser avant d'ouvrir la bouche, le site d'Elise Desaulniers
La page académique de Marie-Anne Casselot, philosophe féministe québécoise, son Twitter
Le site de Christiane Bailey
Le site de Frédéric Côté-Boudreau
Mon article tiré de Growl de Kim Stallwood : Les hommes et la violence
et en anglais : 
Human Animals studies 
Le blog de Carol Adams.
 

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