vendredi 25 septembre 2015

Au coeur de l'industrie : salaire spécial femme

Le sujet "Que répondre à un employeur lors d'une négociation de salaire, s'il vous pose la question sexiste Combien gagne votre mari ?" étant apparemment encore dans l'air (je me pince, genre double pinçon retourné pour vérifier que je ne cauchemarde pas !), je vais aborder le sujet de façon moins polie que tous les autres conseilleur.es. La question est pour le moins illégale parce que double standard, l'égalité des salaires est acquise dans le Code du travail, et inepte parce qu'elle est hors-sujet. Double standard : si un homme parmi mes lectrices a déjà été confronté à cette situation (Combien gagne votre femme ? en négociation de salaire d'embauche) surtout qu'il se manifeste dans les commentaires et qu'il raconte son expérience, je suis preneuse.
Inepte : vous êtes la dernière, vous avez remporté la victoire en short-list, très short-list, vous avez convaincu, vendu vos compétences, vous les intéressez pour un poste sans doute d'encadrement, et ils vous demandent COMBIEN GAGNE VOTRE MARI lors de l'ultime négociation de salaire ? Ce n'est pas professionnel.

En préparant cet entretien, parce que vous vous êtes professionnelle, vous avez évidemment vérifié si l'entreprise en question dépend d'une Convention Collective telle celle de la Métallurgie (c'est un exemple) qui calcule selon le diplôme, l'âge, l'antériorité dans le poste ; si ce n'est pas le cas, vous savez en gros combien votre compétence vaut sur le marché dans votre secteur d'activité. La négociation doit démarrer sur des données objectives.
L'argument du test (on testerait votre réaction à une question déstabilisante) ne tient pas selon moi : on n'est pas là pour des enfantillages, on est dans une négociation de salaire en fin de parcours de recrutement, normalement, vous devez aboutir. C'est carré. Vous devez en fin d'entretien savoir :
- Votre salaire d'embauche,
- La progression prévue à l'ancienneté,
- Vos objectifs et primes d'objectifs, et éventuelles sanctions pour non réalisation,
- Vos accessoires de salaire (négociables aussi en cas de concession que vous seriez amenée à faire sur le salaire, attention, vous ne cotisez pas dessus pour votre retraite, donc manque à gagner !)
Et s'il y a lieu :
- Vos frais de vie et de déplacement,
- Le véhicule de société ou de fonction (pas la même chose) et le mode de prise en charge des frais -avance ou remboursement fin de mois et sous combien de jours, c'est de l'argent que vous avancez !
- Pour parer à toute éventualité, en fin d'entretien, pensez à demander aussi à voir le bureau qu'ils vous destinent. C'est prudent.  

On conseille sans arrêt aux femmes d'être polies, d'accepter toutes sortes d'humiliations, que les hommes eux n'accepteraient pas, d'ailleurs on se garde bien de les provoquer, du coup les femmes sont polies, trop polies. J'ai posé la question à l'Apec sur Twitter pour voir : voici leur réponse, évidemment très consensuelle :

Si par faiblesse (ce sur quoi ils ont parié en vous posant la question) vous répondiez, il n'y aura plus aucun frein à leur sexisme. Ils ont montré leur face de racistes/sexistes, vous êtes dans une boîte qui considère les femmes comme des salariées de seconde zone, vous êtes assurée que le double standard sera de mise durant tout votre passage chez eux, qu'ils n'ont peut être pas trouvé de mec à votre hauteur et que ça leur reste en travers, vous êtes un pis-aller, ils vont vous le faire payer.  
Je parle d'expérience, ça m'est arrivé.
A ce moment de la discussion vous avez deux possibilités :
1 - Vous choisissez de vous lever et partir. Calmement, en réfléchissant à ce que vous allez dire (un silence glacial est une bonne répartie et un bon prélude à votre sortie) : vous commencez à replier vos affaires, et vous rangez calmement -j'ai fait ça pas mal de fois dans des entretiens commerciaux devant une proposition de prix indécente ; a) ils peuvent essayer de vous retenir, ils sont en train de perdre la face. Dans ce cas, si vous consentez et écoutez leur proposition jusqu'au bout, demandez un délai de réflexion supplémentaire, en disant que vous n'aviez vraiment pas prévu le cas. S'ils vous veulent, ils diront oui à vos conditions. b) Vous allez partir, vous le sentiez venir, des détails des précédents entretiens vous reviennent, vous cessez toute négociation. Mais vous aller sortir avec les honneurs de la guerre : exprimez votre mécontentement argumenté, et négociez le paiement des frais de transport de tous vos rendez-vous avec eux, s'ils n'ont pas été pris en charge (au barème fiscal selon la puissance de votre voiture, pas la note de vos pleins : pas assez cher) en leur faisant bien comprendre de façon subliminale ou expresse qu'il vaut mieux payer, l'affaire pourrait s'ébruiter, vous êtes excellente en relations publiques. Vous leur promettez la facture justificative pour le lendemain, et vous en relancerez le paiement sous 48 heures, autrement vos grandes trompettes de la renommée vont se mettre en branle. J'ai obtenu des remboursements conséquents de cette manière. Évidemment, vous tenez parole.
Les jours suivants, vous faites un signalement en bonne et due forme à l'Inspection du Travail : date, noms, lieux, et circonstances. Bien que peuplée de femmes (horaires : 8H30 - 16H30 qui permettent de concilier) peu solidaires des femmes (je parle là aussi d'une douzaine d'expériences, elles trouvent plus urgent d'enquêter sur les chantiers des gars du bâtiment) vous n'aurez pas ou peu de réponse à vos problèmes "de bonnes femmes". Mais n'hésitez pas à les relancer : il faut être teigneuse. Si c'est un cabinet de recrutement qui vous a fait le coup, signalez-le à son organisme syndical, qui peut être le Syntec.

2 - La pire solution, mais il faut l'envisager : vous êtes au 36ème dessous, vos indemnités de licenciement arrivent à terme, vous devez reconstituer votre épargne et vos droits à l'ASSEDIC, et vous avez des traites à payer. Vous décidez de répondre à toute question infamante : à cyniques, cynique et demie. Vous voulez le poste pour 3 mois, 6 mois, 1 an, le temps de vous remettre en forme et qu'ils vous licencient, parce qu'ils vous licencieront, c'est certain. Il veulent jouer ? Vous y allez : vous savez à quoi vous attendre, ils vont en avoir pour leur argent. Et tenez parole : ne leur en donnez QUE pour leur argent. L'époque est cynique : ni vous ni  moi n'y sommes pour quelque chose. La conséquence du chômage de masse (certain.es y voient un but) c'est que certaines entreprises malhonnêtes croient pouvoir s'affranchir des règles éthiques et de la loi, puisque des quantités de chômeurs sont prêts à toutes les humiliations pour obtenir le poste. Les femmes sont les victimes toutes désignées du système : les dirigeants sont majoritairement des hommes.

L'Apec trouverait mes conseils "radicaux". Moi j'ai toujours trouvé les leurs consensuels mous. Nous sommes quittes. Encaisser les humiliations est malheureusement le quotidien des demandeurs d'emploi, les accepter toutes est le meilleur moyen de perdre confiance en soi et de se déliter, vous n'avez pas besoin de ça. Les conseils "spéciaux femmes", c'est toujours de subir l'humiliation et se taire. C'est toujours la politesse et l'écrasement quels que soient les malhonnêtes tricheurs qu'il y a en face. Je ne pense pas comme ça. Je pense que si les femmes montraient du répondant, le patriarcat et ses ayant-droit seraient moins fringants. Et puis, j'adore les négociations, c'est comme jouer à la marchande, le rapport de forces ne m'a jamais fait peur.

"Si tu t'écrases, ils t'écraseront ".
 

vendredi 18 septembre 2015

L'anatomie est politique

" Le village entier partit le lendemain dans une trentaine de pirogues, nous laissant seuls avec les femmes et les enfants dans les maisons abandonnées ".
Citation de Claude Lévi-Strauss - Anthropologue et ethnologue français - 1908-2009
Cette vision androcentrée du monde, où littéralement, les femmes (et les enfants) sont invisibles/invisibilisés, les anthropologues féministes matérialistes, dont Nicole-Claude Mathieu,  la dénoncent en produisant leurs propres études et observations. Je viens de terminer L'anatomie politique. Critique des sciences humaines, anthropologie, ethnologie... au prisme du féminisme matérialiste, cet ouvrage est indispensable pour connaître les constructions sociales qui ont asservi les femmes, les ont contraintes à la reproduction, ont imposé l'hétérosexualité comme norme. L'anatomie politique, catégorisations et idéologies du sexe, ouvrage d'épistémologie (critique) des sciences sociales et notamment de l'anthropologie, publié en 1991, est une sélection de textes de 1970 à 1989. Il n'y a pas d'être humain à l'état naturel, l'asymétrie entre les genres masculin et  féminin est une construction sociale, l'asservissement des femmes est imposé PARTOUT comme norme sociale.


 " Elles disent [...] que chaque mot devra être passé au crible "
Monique Wittig - Les Guérillères

Citation tirée du chapitre "Homme-culture et femme-nature", constatant l'absence des femmes des peuples primitifs étudiés, du radar des anthrologues hommes :
"L'étude des femmes est à peu près au niveau de celle des canards ou des volatiles qu'elles possèdent : elles donnent bien de la voix, mais de façon inexplicable." Leur travail ( reproduction, nourrissage, portage -généralement dans le dos- et élevage des enfants, préparation des repas), n'est jamais vu comme tel : autant on compte précisément en kilomètres les déplacements (chasse, cueillette) des hommes, autant les déplacements des femmes, plus restreints dans l'espace mais pas moindres, ne sont pas exhaustivement mesurés : il s'ensuit que "les rares études anthropologiques mettant en évidence la sous-alimentation (en qualité et/ou en quantité) relative des femmes par rapport aux hommes a surtout été faite par des femmes" !
Il est impossible de résumer ce livre sans le réduire, aussi voici les citations que j'avais partagées sur mon compte Twitter :

- " L'organisation sociale du sexe repose sur le genre, l'hétérosexualité obligatoire et la contrainte à la sexualité des femmes ".

- " Lévi-Strauss est dangereusement près de dire que l'hétérosexualité est un processus institué ".

- " Le sous-équipement technologique constant des femmes par rapport aux hommes révèle que les tâches sont dévolues aux femmes en fonction des outils, et non l'inverse. Les instruments de production-clés sont tenus par les hommes ". (D'où machinisme agricole détenu par les hommes, chez nous, et bien sûr, l'inévitable geek qui est forcément un mec :((
- " La division sexuelle du travail (cuisine, élevage des enfants par les femmes...) doit donc être conceptualisée comme une construction sociale ".

- Rien n'est moins naturel que l'association cuisine et soins aux 
enfants : il y a des dangers graves dans une cuisine, feu, eau bouillante, couteaux...
- Contestant "culture" masculine et "nature" féminine, NC Mathieu cite : 
"hommes + sauvage = mort, destruction 
/ femmes + sauvage = agriculture, fertilité ".

La maternité imposée et la surcharge par les enfants a des conséquences désastreuses : épuisement psychologique (burn out comme on dit aujourd'hui), abêtissement, limitation "A force de parler aux enfants, je me sens devenir bête" ; fil à la patte : "le poids de la liberté est plus lourd pour les femmes". Selon Frederick Douglass (ex-esclave, militant des civils rights) dans les plantations d'esclaves en Amérique, ce sont les hommes qui se sont enfuis en premier, tout comme aujourd'hui, les réfugiés qui fuient la guerre en Syrie sont en majorité des hommes : les femmes restent sous les bombes d'Assad avec leurs enfants. Mathieu parle même "du handicap physique et mental que représente pour les femmes la responsabilité des enfants" ! A notre époque, dans nos pays évolués, on dénie aux mères l'accès à une carrière, les promotions, les augmentations de salaire équivalentes aux hommes. "Qui va garder les enfants ?" selon l'inoubliable formule de Laurent Fabius à propos de la candidature de Ségolène Royal à la Présidentielle. Vous faites et élevez les enfants, bénévolement, et les hommes gardent les postes de commandement où s'exerce le pouvoir, payés bien sûr, ils "travaillent" eux,  "les femmes ont autre chose, elles, la maternité, c'est que du bonheur" m'a dit textuellement un mec un jour, lors d'un entretien de recrutement !

Condamnée à se marier à l'extérieur, à quitter sa famille pour rejoindre celle de son conjoint (patrilocalité), à devenir une étrangère sans pouvoir, elle est sommée de produire des enfants garçons, pour continuer la lignée patriarcale. Dans certaines tribus, cela peut les conduire au suicide. " Les femmes dans ces types de sociétés patriarcales ne sont pas autonomes, elles sont auto-mobiles, dans le sens où une automobile est gouvernée et pas autonome ".

Sur la défaite historique des femmes, quand céder n'est pas consentir :
" La violence principale de la domination consiste à limiter les possibilités, le rayon d'action et la pensée de l'opprimé.e : limiter la liberté du corps, limiter l'accès aux moyens autonomes et sophistiqués de production et de défense, "aux outils et aux armes" (Paola Tabet), aux connaissances, aux valeurs, aux représentations... L'oppresseur est dans sa conscience un dominant, il respire sur les hauteurs ; l'opprimé.e (l'oppressé) étouffe dans l'abaissement, et la bassesse de l'oppression ".
A lire absolument. Même si certains passages peuvent paraître un peu filandreux -l'anthropologie est une science humaine ardue- il passe au Karcher nos idées reçues sur le sexe, et défie nos représentations.

Pour finir, j'ajoute un passage trouvé sur le site d'un libraire en ligne à propos de Nicole-Claude Mathieu : comment fabrique-t-on une féministe ? Pourquoi chez certaines, la prise de conscience est quasi immédiate et chez d'autres, elle ne se produit jamais ? Peut-être une piste : Sa vie

"Née fin 1937 d'une fille de métayers vendéens devenue institutrice et d'un fils d'ouvriers champenois devenu ingénieur, Nicole-Claude Mathieu n'a pas vécu dans une famille hétéro-normale. Elle fut placée en divers lieux et milieux sociaux en raison des aléas de la guerre et de l'éloignement de sa mère malade, puis élevée par sa grand'mère paternelle, issue de la petite paysannerie sous-prolétarisée au tournant du siècle, dont elle écouta longuement le récit de ses conditions de vie. Familière des visites aux cimetières militaires et hauts lieux de batailles de la guerre de 14 dont réchappa son grand-père, elle fut aussi témoin des grèves ouvrières dans l'usine paradoxalement dirigée par son père.
Initiée par lui très tôt aux grandes découvertes scientifiques (sans compter la pêche au brochet et la chasse au sanglier), munie d'une sœur aînée et opportunément dépourvue de frère, éduquée dans un collège laïque de filles par des professeurs femmes, entourée d'amitiés féminines sans complications hétérosexuelles, elle grandit donc en être humain.
Tout cela lui insuffla sans doute une intuition sociologique, une soif de connaissance et un sens critique précoces qu'elle affina lors des études supérieures et confirma dans son parcours professionnel. Anthropologue féministe dernièrement maître de conférences à l'École des hautes études en sciences sociales (Paris), elle y a tenu un séminaire sur «Anthropologie et sociologie des sexes». L'ethnologie est sa discipline d'élection, car seule apte à révéler la diversité mais aussi l'unité (et la perversité) de l'esprit humain, et son terrain de recherche l'observation hallucinée de l'amplitude de l'oppression des femmes.
"

Les citations tirées du livre de NC Mathieu sont en caractères gras et rouge et entre guillemets.

vendredi 11 septembre 2015

Les religions contre les femmes : une petite synthèse

En ces temps de retour de l'obscurantisme, de backlash sur les droits des femmes, de "théologie du viol" à propos de Daech, ce qui en dit long sur l'ADN de ces systèmes de "pensée" que sont les religions, je publie cette semaine, avec leur accord, un billet de Osez le Féminisme 63 sur les positions canoniques des religions sur les femmes, à base de citations, écrit par un militant pro-féministe.


" En écho aux multiples fatwas aussi ridicules que barbares, comme celle de l'imam de Brest qui nous rappelle en hurlant de colère, face à la "négligence" des conjoints envers leurs femmes, que ce sont les hommes qui ont autorité sur les femmes par la volonté divine ou encore celle d'un imam saoudien qui a carrément décrété qu'un mari pouvait manger sa femme en cas de nécessité extrême, on peut constater que le fait religieux est encore et toujours majeur et récurrent dans l'oppression des femmes... Dernièrement, nous avons eu aussi droit à une conférence au Polydôme de l'antisémite misogyne et homophobe, du mouvement des frères musulmans, Hani Ramadan, le 28 mars dernier.  Sans oublier les atrocités des mouvements intégristes du DAESH en Syrie et de Boko Haram au Nigéria, il y a de quoi faire pour parler de ce sujet !
Il est donc essentiel de montrer en quoi les religions, sans exception, fondent et servent le patriarcat en lui donnant une légitimité millénaire qui empreint nos consciences jusqu'à maintenant. C'est donc l'objet de ce "pamphlet".
Chers lecteur-trice-s, le "feu sacré" n'habite pas vraiment le cœur des militant-e-s féministes. Tant il est vrai que tous les monothéistes polygames ou les polythéistes monogames affichent une profonde aversion pour les femmes, réduites à leur seule "fonction" respectable par tous les prédicateurs de toute obédiences : la procréation !
De tout temps, aucune religion n'a accepté que les femmes occupent un rang égal à celui du mâle... ou du "bien" d'ailleurs... On est en droit de se demander qui interprète et sélectionne les textes consacrés à ces sujets !
Comme le sujet est vaste, une petite synthèse s'imposait. J'ai souhaité, ainsi, mettre en perspective les principaux points communs et les différences qui existent sur la place qui est donnée aux femmes dans les dogmes religieux les plus influents. Nous aborderons donc ces points pour les 3 religions monothéistes (Judaïsme, Christianisme et Islam) ainsi que l'Hindouisme et le Bouddhisme.

Puisqu'ils sont les plus nombreux et les plus importants, passons aux points communs :

1 ) Le premier point qui m'a sauté aux yeux : c'est le total et profond mépris des femmes que toutes les religions partagent sauf pour leur rôle procréatif.
Deux exemples pour illustrer mon propos :
- le mépris qui s'exprime pleinement et de manière limpide dans l'ordre hiérarchique :
Dans le Nouveau Testament : "Dieu est le chef du Christ, le Christ est le chef des hommes et l'homme est le chef de la femme".
Dans le Coran : "les maris sont supérieurs à leurs femmes parce que les hommes emploient leurs biens à les doter. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises".
Dans la Torah : "Sois béni notre seigneur, qui ne m'a pas fait femme", une des prières que tout bon juif doit prononcer chaque matin. Autre citation emblématique : "Tu te sentiras attirée par ton mari mais il dominera sur toi".
Dans l'Hindouisme, une femme ne vaut pas grand chose, les infanticides féminins sont encore pléthoriques, et une veuve encore moins. En effet, la tradition barbare et cruelle du "Sati" est encore présente pour "régler" leur sort... C'est le bûcher qui attend ces femmes suite au décès de leur mari. Ce qui signifie clairement l'inutilité de l'épouse aux yeux de cette religion...Cette pratique a fait l'objet de "faits divers" en 1987 et encore en 2002 à Bhopal en Inde...
Dans le Bouddhisme, le corps des hommes est sain et vigoureux là où celui des femmes n'est que : "la cité abjecte du corps, avec ses trous excrémant les éléments, qui est appelée par les stupides, un objet de désir". Ces propos ont été repris par le Dalaï Lama dans ses écrits. Désolé pour ceux et celles qui voyaient dans cette religion "exotique", une certaine ouverture d'esprit sur l'émancipation des femmes, il n'en est rien. A noter que l'on peut y comprendre que les hommes émettent des flatulences ou des étrons avec des confettis bleus ou roses au choix...

- Ce mépris porte également sur les facultés intellectuelles notamment dans le Nouveau testament et le Coran :
Dans le Nouveau Testament : "que les femmes se taisent pendant les assemblées comme le veut la loi. Si elles veulent une explication sur les décisions prises, qu'elles demandent à leurs maris chez elle car il n'est pas concevable à une femme de parler en assemblée".
Dans le Coran : "Dieu a donné des qualités à ceux là (comprenez les hommes), au dessus de celles-ci" (comprenez les femmes). Autre fait marquant, la règle qui veut, lorsqu’a lieu un litige, que l'avis d'un homme compte pour celui de deux femmes lors de la recherche de témoins.

2) Le deuxième point qui m'a interpellé, c'est qu'il est clairement dit, dans les textes, que les femmes sont les "possessions" des hommes dont ils disposent à leur guise, elles sont au mieux des servantes, rien d'autre ! Là encore, le Christianisme et le Coran se rejoignent.
Dans le Nouveau Testament : "Femmes, soyez entièrement dévouées pour vos maris comme il convient à des personnes unies au 
seigneur ".
Dans le Coran: "les femmes sont votre champs, cultivez le de la manière que vous l'entendez, ayant fait auparavant quelque acte de piété". La métaphore "agricole" n'est qu'une allégorie de l'objectification des femmes et du contrôle de leur fécondité (parallèle avec la fertilité des sols agricoles) pour asseoir la domination masculine.

3 ) Le troisième point que je souhaite aborder, c'est la sempiternelle démarche de culpabilisation des femmes dans le but d'asseoir, là encore, la domination masculine en déresponsabilisant les hommes. Ce fait permet de légitimer de nombreuses violences et des crimes à l'encontre des femmes.
Les trois religions monothéistes se distinguent nettement sur ce point.
Dans le Nouveau Testament, c'est le fameux péché originel qui va mettre la vie des femmes sous le joug d'une culpabilité permanente : "Ce n'est pas Adam qui se laissa séduire mais la femme qui, séduite (en croquant la pomme tendue par le serpent), a désobéi".
Dans le Coran : "Si vos femmes commettent l'action infâme (comprenez l'adultère), appelez quatre témoins. Si les témoignages se rejoignent, enfermez les dans les maisons en attendant que la mort les visite ou que Dieu leur trouve un moyen de salut ". On voit là clairement une justification des "crimes d'honneur" perpétré contre les femmes soupçonnées (à tort ou à raison) d'avoir pratiqué l'adultère avec une barbarie infâme (lapidations, pendaisons en public...) et toujours d'actualité au 21ème siècle !
Dans la Torah : ayant fauté par le péché originel (bien pratique 
celui là !), le seigneur dit ensuite à la femme: "je rendrai tes grossesses pénibles, tu souffriras pour mettre au monde tes enfants".
La seule planche de salut pour vous, Mesdames, consiste à tomber enceinte. Miraculeusement, vous serez absoutes de tous vos péchés comme il est énoncé dans la Bible: "Néanmoins, elle sera sauvée par la maternité".
A noter, les femmes sont mentionnées d'autant plus longtemps, notamment dans la Torah, qu'elles se montrent fertiles surtout en enfantant des mâles...

4) Le quatrième point que j'ai pu noter au cours de mes lectures : c'est la peur (et les représailles !) qu'inspire le comportement, forcément pervers, des femmes en dehors de leur capacité procréative (quoique !). Là encore, on notera que les textes permettent des interprétations légitimant de nombreuses violences faites aux femmes.
Dans le Nouveau Testament, la pudeur vestimentaire est de 
mise :"Votre parure ne sera pas extérieure : ondulations des cheveux, bijoux d'or, élégance des toilettes ; elle sera toute intérieure : une âme douce et paisible en son secret. Voila ce qui est précieux au regard de Dieu." Ainsi que des injonctions corporelles : "toute femme qui prie, sous l'inspiration de Dieu, sans voile, commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée". Comme quoi, la religion chrétienne n'a rien à envier à l'Islam pour se "voiler" la face. 
Dans le Coran justement, la machisme musulman s'exprime davantage par la violence physique :"vous réprimanderez celles dont vous avez à craindre l'inobéissance ; vous les reléguerez dans les lits à part, vous les battrez; mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez plus querelle. Dieu est élevé et grand est son pardon". On voit là une légitimisation des violences conjugales très clairement.
Dans le Bouddhisme, cette misogynie à l'égard du comportement des femmes, en dehors de tout maternage, est plus qu'explicite : " Il faut se méfier des femmes, leur recommande-t-il (comprenez Bouddha). Pour une qui est sage, il en est plus de mille qui sont folles et méchantes. La femme est plus secrète que le chemin où, dans l'eau, passe le poisson. Elle est féroce comme le brigand et rusée comme lui. Il est rare qu'elle dise la vérité : pour elle, la vérité est pareille au mensonge, le mensonge pareil à la vérité. Souvent j'ai conseillé aux disciples d'éviter les femmes."
Dans la Torah, les femmes qui se permettent de sortir de leur rôle maternant s'exposent à des condamnations fermes et sans détours : la séduction étant vue comme "perfide et compagne du mensonge". D'ailleurs, la perversité féminine éclate aussi dans la seule fonction reproductrice que lui reconnaît la Genèse, preuve que la nocivité intrinsèque de la femme s'insinue même dans ce qui devrait la 
grandir :"Loth, neveu d'Abraham, a deux filles célibataires. Soucieuses de procréer, elles enivrent leur père et, par l'inceste, parviennent à leurs fins".

5) Le cinquième et dernier point que j'ai relevé, c'est tout simplement l'absence totale de réciprocité en ce qui concerne le comportement des hommes à l'égard des femmes dans tous les dogmes, comme c'est bizarre !!?? L'exemple le plus fort est sans doute la possibilité pour les hommes de pratiquer librement et sans représailles divine la polygamie dans certains dogmes (Judaïsme, Islam, Hindouisme,...) et l'adultère dans toutes les religions où il sera, au pire, "omis".
En effet, nulle part, il est mentionné un interdit net et sans détour, une contrainte sociale inévitable, une injonction corporelle obligatoire ou vestimentaire pour les hommes concernant leur rapport aux femmes. Certain-e-s me diront qu'il y en a pourtant ? Par exemple, les papillotes pour les juifs (mèches de cheveux qui tombent au niveau des tempes) ou la barbe pour les musulmans. Effectivement, de nombreux hommes s'en parent mais ce n'est en rien une obligation selon les interprétations en vigueur des textes (faites par... des hommes bizarrement) à l'heure actuelle et ne concernent nullement leur relations avec les femmes. Après tout, l'homme a été crée à l'image de Dieu... ou ne serait ce pas l'inverse...

Après avoir examiné les points communs, voyons les différences qui s'expriment, à l'endroit des femmes, dans les textes religieux.

En fait, ces différences n'existent que dans les degrés d'aliénation, de violence voire de barbarie, que les hommes peuvent perpétrer sur les femmes en totale et "divine" impunité. Aucun dogme n'est favorable aux femmes !

Dans le Nouveau Testament, la femme "idéale" n'est qu'une servante de l'homme, dévouée corps et âme à son mari, pudique, discrète, si possible au couvent, chaste et ne servant qu'à procréer en étant voilée et préalablement mariée bien entendu ! Bref, le paradis sur terre !

Dans le Coran, la femme "idéale" n'est qu'une spectatrice et domestique de l'homme. Elle peut être échangée ou rejetée à tout moment comme un simple objet de consommation courante... L'homme dispose de son corps comme il l'entend, y compris par la contrainte, au moyen des violences les plus infâmes, sans aucune condamnation divine à craindre, ni autre forme de procès. Le "voile islamique" (et ses déclinaisons telle que la Burka) est une injonction qui constitue, finalement, plus une protection des hommes contre leur propre barbarie ainsi qu'une assignation au silence pour la moitié féminine de la population le portant qu'autre chose... Ne pouvant se contrôler, les hommes passent pour des bêtes affamées de sexe et de pouvoir sur elles...
Belle virilité patriarcale, n'est il pas ?

Dans la Torah, la femme "idéale" n'existe pas. Elle est responsable de tous les péchés de part sa nature intrinsèquement perverse. Seule une maternité vécue dans la douleur, et encore, peut lui amener une planche de salut en enfantant surtout des mâles. Bonté divine, quand tu nous tiens !

Dans l'Hindouisme, la femme n'existe que pour la survie de l'espèce, bien menacée en Inde, faut il le rappeler avec une population dépassant 1,3 milliard d'habitant-e-s. Sa survie dépend entièrement de l'existence de son mari auquel elle doit apporter une assistance de tous les instants toute sa vie durant. Le décès de son conjoint signe ensuite son arrêt de mort, et par là même, son inutilité.
Quelle spiritualité !

Dans le Bouddhisme, la femme n'a rien d'idéale puisqu'elle est foncièrement impure (d'on ne sait où ni pourquoi ?), méchante, folle, malhonnête et féroce ! Rien que ça ! Elle est donc à éviter comme la peste. L'état de femme est à ce prix là pour Bouddha ! Quel exotisme pour nous autres occidentaux !

En conclusion, on peut observer que l'ensemble des dogmes religieux sont, tous, intrinsèquement misogynes, de manière coercitive, et légitimisent à des degrés divers des violences voire de la barbarie inqualifiables à l'encontre des femmes en déresponsabilisant complètement les hommes. L'état de maternité est le seul qui est valorisé, dans certaines conditions, pour elles. Ce fait n'est pas anodin et nous rappelle qu'un des principaux moteurs du patriarcat réside dans le fait de ne pas perdre le contrôle de la fécondité des femmes par les hommes. C'est donc la peur de perdre le contrôle de ce "pouvoir féminin" de porter un enfant, et par la même la descendance des hommes, qui motive avant tout l'interprétation des textes "sacrés" par les autorités religieuses presqu'exclusivement masculines en place encore à l'heure actuelle.

A noter que l'impact de ces dogmes, dans nos vies quotidiennes, est encore prégnant malgré la laïcité et la séparation de l'Eglise et de l'Etat, depuis plus d'un siècle, en France. Il se manifeste, comme un héritage, dans nos consciences collectives et individuelles. "

Paul, OLF63
Osez le féminisme 63
Illustration de Luz, dessin paru dans Charlie Hebdo. 

vendredi 4 septembre 2015

Féminisme et question animale

Être féministe, c'est déjà jeter un pavé dans la grande mare consensuelle du paternalisme condescendant de la société patriarcale dont une majorité de femmes se contentent, voire trouvent accommodant pour les quelques "avantages" qu'il procure, masquant l'ampleur effrayante de la discrimination, de la pauvreté, des injonctions (sur)plombantes -au mariage, à la reproduction-, et de l'assommoir culturel qui nous matraque à longueur de journée que nous ne sommes au fond que des mineures, des irresponsables devant être cadrées (les religions sur le divorce et l'IVG, notre tenue, entre autres) des méchantes (les femmes, c'est pire, entend-on souvent), et des incapables au sens juridique et professionnel du terme.

Alors en plus, être végétarienne/végane et prétendre que l'oppression des mâles suprémacistes sévit aussi dans la façon dont la société (mâle)traite les animaux, nos "frères inférieurs" (la hiérarchie est consubstantielle au système), notamment les femelles animales dont le corps est exploité jusqu'au trognon par les éleveurs, les animaux mâles considérés pour la plupart inutiles, ou même des surnuméraires dont on doit se débarrasser au plus vite : là on va vous dire que vous poussez le bouchon. Mauvaise convive, aigrie qui voit le mal partout, mal baisée, mange ce qu'on met dans ton assiette, sers nous le café et fais la vaisselle après. Les rituels de table chez les humains se veulent consensuels et festifs, ils ne laissent pas de place aux opinions / options discordantes de celles qui ont des états d'âmes vis à vis du morceau de cadavre qu'on prétend leur faire manger, et qui pinaillent sur la façon dont l'animal a été élevé, transporté, puis tué. "C'est que des bêtes, après tout, et il y a tellement de malheur chez les humains, charité bien ordonnée, bla, bla, bla..", vous connaissez, on vous a tellement cassé les ovaires avec. Sans compter que vos opinions peuvent donner des idées et déteindre sur les enfants présents à la même table, où le dressage patriarcal contre l'empathie s'exerce là aussi, férocement. Feminist killjoy, va.


Et bien, bonne nouvelle, sachez que vous n'êtes pas seules. L'UQAM (Université du Québec à Montréal) tenait la semaine dernière son 7ème Congrès International en Recherches Féministes dans la Francophonie (CIRFF) dont une journée était consacrée aux Approches féministes en éthique animale et environnementale. Y participaient plusieurs écoféministes de renom dont j'ai déjà parlé sur ce blog. Il fallait donc être à Montréal mercredi 26 août ! La notion d'écoféminisme a été inventée en France, mais elle s'est exportée, les françaises n'en ont rien fait ;(( Pour celles qui comme moi n'étaient pas à Montréal, à défaut d'avoir assisté à la conférence d'Elise Desaulniers, par exemple, j'ai sélectionné ses slides à propos de la parole des femmes sur la question animale. Il suffit de cliquer sur la flèche jaune à droite pour les faire défiler ; c'est mieux aussi en fonction plein écran, à droite, dans la marge du bas. Elle y dit que dans les associations de protection animale, comme partout, dès que des femmes pionnières ont inventé, imposé l'idée et défriché le chemin, les hommes arrivent, industrialisent et... prennent le pouvoir. Que la parole des femmes, frappées du syndrome de Cassandre, ne porte pas ; que nous serions trop émotives et que l'émotion n'est légitime que quand ce sont des hommes qui l'expriment... et que la colère est nettement mieux portée par eux, les femmes, elles, sont hystériques...Bref, là comme ailleurs, l'affreux patriarcat sévit à plein.



Ressources
En complément d'information on peut aller sur quelques sites de philosophes et écoféministes :
Penser avant d'ouvrir la bouche, le site d'Elise Desaulniers
La page académique de Marie-Anne Casselot, philosophe féministe québécoise, son Twitter
Le site de Christiane Bailey
Le site de Frédéric Côté-Boudreau
Mon article tiré de Growl de Kim Stallwood : Les hommes et la violence
et en anglais : 
Human Animals studies 
Le blog de Carol Adams.