mardi 7 janvier 2014

¡ Nunca más ! Jamais plus !

Fin décembre le gouvernement espagnol a décidé de soumettre au parlement espagnol un projet de loi proposant de restreindre drastiquement le droit à l'avortement pour les femmes espagnoles. Si ce projet est adopté, et le PP (Partido Popular) libéral de Centre-droit est majoritaire en voix aux Parlement espagnol, il devrait en bonne logique l'être, cela équivaut à un insupportable retour en arrière pour les femmes espagnoles. Et cela constitue un précédent dangereux en Europe.


L'Espagne affronte une terrible récession économique depuis 2008 : en Espagne, c'est une bulle immobilière qui a eu raison de l'économie. Héritage du Franquisme, qui avait basé l'économie sur le tourisme et le bétonnage de ses côtes, l'immobilier était le moteur économique espagnol. Il s'est effondré entre 2007 et 2008, année où le nombre de constructions à chuté de 25 %. Des infrastructures aéroportuaires telles Ciudad Real et Valdeluz, une ville au Sud de Madrid, sont carrément des infrastructures fantômes, inutilisées et vides. En 2011, le PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) au pouvoir est considéré comme responsable, et il est sanctionné par les électeurs mécontents. Dans un système binaire, c'est donc le PP qui est élu avec Mariano Rajoy à sa tête, avec dans son programme, clairement exprimée, la remise en cause de la loi sur l'IVG. Rajoy met également fin à la parité dans son gouvernement : 4 femmes sur une équipe de 13 ministres, même si deux occupent des postes clés, dont une la vice-présidence. Un plan drastique d'économies est mis en place. Aujourd'hui, un quart de la population active est au chômage, la dette a doublé (même si elle n'a rien à voir avec celle de la France), l'inflation est à zéro, et l'Euro est à son plus haut. (Chiffre BFM TV Economie du 6/1/14).

Mais ainsi va le pouvoir masculin : quand la chose économique lui échappe, pour donner l'illusion du mouvement, il lui suffit de s'attaquer aux droits chèrement acquis des femmes. D'autant plus facile dans un pays où l'Opus Dei et l'église espagnole gardent une influence (délétère) importante. Il va de soi que cette loi, si elle est adoptée, ne modifiera en rien la situation des chômeurs espagnols ; on peut même ironiser comme l'a fait Charlie Hebdo cette semaine sur le fait d'obliger les femmes à avoir des "futurs chômeurs" ! Si ce projet de loi passe, il met en péril la santé des femmes : l'IVG et son remboursement coûtent moins cher à un état que les complications d'avortements clandestins : blessures, stérilités, infirmités, voire la mort au bout du parcours, qui génèrent des coûts importants, et il vaut toujours mieux prévenir que guérir, c'est un principe fondamental de santé publique.

86 % des avortements se produisent dans les pays en développement dont la majorité ont des lois hautement restrictives sur l'IVG. Infographie en espagnol en suivant ce lien.

Qui sont les femmes qui avortent ? L'immense majorité des IVG est due à des accidents de contraception. Il ne s'agit donc pas de caprice de la part des femmes !



L'Espagne est notre proche voisine : elle créerait un précédent, et les conservateurs attendent leur heure pour frapper partout. La Suisse organise d'ailleurs un référendum en février prochain, sur le déremboursement de l'IVG au motif que ce serait une affaire privée, que la solidarité nationale n'a donc pas à s'en mêler, et qu'il faut faire des économies ! Les IVG ne coûtent que 0,03 % des dépenses de santé du système suisse, ce qui est bien moins cher qu'un recours aux avortements clandestins avec le cortège de risques de complications de santé qu'ils entraînent. C'est donc encore un mauvais coup aux droits des femmes : grégarisme imbécile.
La pétition suisse pour le maintien du remboursement est à signer en suivant ce lien.
Il est important d'être solidaires : Osez le féminisme mobilise pour une campagne de solidarité avec les espagnoles : vous pouvez participer en vous photographiant avec un cintre ou des aiguilles à tricoter portant la mention "plus jamais ça" ou "nunca mas", et vous envoyez la photo à leur adresse mail. Toutes les précisions utiles sont sur le site d'Osez le féminisme et sur leur Facebook pour voir les photos.

Enfin, des manifestations sont prévues dans plusieurs villes de France : Dates et lieux à trouver sur le lien Politis : la riposte contre le projet de loi espagnol s'organise. il y en a peut-être une près chez vous !



SOLIDARITE AVEC LES FEMMES ESPAGNOLES !

5 commentaires:

  1. De toute façon pour eux une femme, quoiqu'elle fasse, sera toujours fautive. Si elle avorte, c'est une garce meurtrière, si elle garde son bébé, elle sera suspectée de mal s'en occuper, de vouloir l'accaparer au détriment du pauvre père, voire de le pousser au crime. Sans rire, toutes ces stupidités sont développées dans ce texte d'une criminologue invitée à l'Assemblée nationale qui parvient quand même à aligner en quelques lignes les pires clichés : les hommes qui tuent sont de pauvres êtres blessés à la mère pathogène privés de la présence du père salvateur, les femmes qui tuent ne sont que des monstres possessifs sans cœur !
    http://www.psychocrime.com/?page_id=322

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    1. Bien sûr ! Le peuple espagnol n'a rien demandé en plus : ils ont juste changé de majorité, l'abrogation de l'avortement n'est pas un souhait du peuple espagnol ai-je entendu sur un média français. Les conservateurs font passer leur agenda liberticide au détriment des femmes par conservatisme en donnant l'impression de faire quelque chose. Tous ces patriarcaux sont des ennemis du genre humain. Et ils sévissent depuis des millénaires.

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  2. La pression sur l'avortement est corrélée à la crise économique, la natalité chutant drastiquement, il faut obliger les femmes à mettre plus d'enfants au monde.
    En 2012, pour la première fois, le nombre de naissance non WASP n'a pas été majoritaire aux USA. Il n'y nul doute à avoir sur le lien avec la furie contre l'avortement dans les etats du midwest les plus "blonds", pour obliger les blondes à faire de petits blonds.
    Je doute que le contrôle de la natalité a jamais été pour la liberté des femmes mais bien pour servir à d'autres desseins.

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    1. Oui, ou aussi pour dégager des postes pour les mecs sans travail : accabler les femmes d'enfants, c'est leur distraire du temps pour gagner leur indépendance économique. D'une pierre deux coups : on libère des postes pour les mecs dans les usines (n'espérez pas qu'ils aillent faire aide-soignantes, trop au-dessous de leur statut de caste dominante) et se garder une domestique gratuite et sous influence à la maison. Effectivement, on sait où ont conduit les différentes façons de contrôler la natalité des femmes par le passé, et même dans le présent : les chinoises et les indiennes en font tous les jours les frais :((

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    2. J'ai exactement la même analyse, un ouvrier mâle qui est au chōmage fait la une des journaux parce que le fond du problème c'est qu'il ne va quand même pas travailler dans le care! Mais le chōmage et la précarité plus important des femmes, on s'en fout.

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