mardi 12 novembre 2013

Oui au délit de recours à l'achat de services sexuels !

Rosen Hicher, femme européenne, s'est prostituée pendant 22 ans : elle "est tombée dedans" un jour de désarroi où, mère de trois enfants, elle venait de perdre son emploi. L'oncle, puis l'ami de son père, qui ont abusé d'elle à 13 ans lui avaient appris que son corps n'a pas de limite et que n'importe qui pouvait y faire effraction, comme dit Andrea Dworkin, qui explique ainsi les raisons politiques qui font exister et se perpétuer l'inceste. Je ne vaux rien, sauf peut-être l'argent avec lequel on peut m'acheter, et encore, mon client peut-il porter plainte pour trahison du contrat si je n'obéis pas et ne fais pas docilement tout ce qu'on me demande de faire. Marchandise je suis, et la marchandise se soumet, elle n'a pas voix au chapitre, par définition.

Rosen Hicher n'a pas été "contrainte" de se prostituer par un proxénète, elle n'a pas été enlevée ni séquestrée par des réseaux mafieux, on ne l'a pas battue et on ne lui a pas "cassé les dents" pour insuffisance de chiffre d'affaires, ses deux violeurs se sont chargés en première instance du précoce travail de sape de son estime de soi, puis les circonstances économiques : précarité de l'emploi et faiblesse économique -voulue et organisée- des femmes, charge d'enfants, abandon par le père, ont fait le reste.

Elle témoigne chez Benoît Duquesne à Complément d'enquête, 4 ans après être sortie de la prostitution qui l'abîmait et l'étourdissait en même temps, la faisant se proclamer femme libre de ses choix et de ses consentements, sans doute pour ne pas se renier et continuer à survivre :


Interview Rosen Hicher, ex-prostituée témoigne... par Najat-Belkacem

L'Allemagne, pays réglementariste, est devenue la plaque tournante du trafic de femmes, selon cet article de Courrier International, la réglementation provoquant nécessairement un appel d'air, un point chaud de fixation qui fait que les trafiquants perçoivent dans la réglementation une opportunité d'affaires : pseudo naïveté des législations réglementaristes qui n'avaient rien anticipé. Pire : le trafic d'êtres humains pour la prostitution, comme celui des armes et de la drogue, génère des milliards de revenus et celles mêmes qui "travaillent" avec leur corps, les prostituées, toujours selon ce même article, sont absentes au moment de se partager les juteux gains ! Preuve s'il en fallait que ce business est organisé pour profiter uniquement aux hommes : proxénètes bien sûr, et aux clients qui ont ainsi accès à des corps de femmes, qui achètent tout ou parties de corps, et à qui on n'a JAMAIS demandé de comptes ! Oui, il est temps d'impliquer et de responsabiliser le client prosti-tueur en créant un délit de recours à l'achat de services sexuels. Non au tout marchandise, non à la marchandisation des corps !


8 commentaires:

  1. Vraiment intéressante cette interview ! En fait, Rosen Hicher, je l'ai vu et entendu en vrai au festival "Femmes en résistance". Elle a pas mal parlé de la dépossession de soi. Elle est vachement abîmée bien sûr par ces années d'horreur. Peut-être qu'elle va pouvoir être un peu heureuse maintenant.
    Sur "nous sommes toutes des femmes de chambre", il y a un signataire des 343 salauds qui m'a répondu en son nom. Il parle d'hypocrisie de l'abolition et de "prohibition". En plus, il me dit que je ferais mieux de m'occuper des plans sociaux ! Le toupet ! Je lui ai répondu en conséquence.
    http://angrywomenymous.blogspot.de/2013/11/beau-comme-gerard-biard-laid-comme.html
    Si tu as envie d'ajouter ton grain de sel, va z-y c'est le moment ! ;)
    En plus, cela fera du renfort.

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    1. Un de mes abonnés Twitter a relayé mon billet : il y a déjà quelques réactions ! C'est dingue !
      Je vais aller voir.

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  2. Merci pour ton com' à Leroy ! Bien envoyé. ;)
    Pour les réactions : j'ai une collègue de boulot, lesbienne pourtant, qui est contre. Je me demande toujours comment il y a des lesbiennes qui peuvent être contre.
    Qu'est-ce que ca peut leur foutre qu'on punisse les clients hommes de la prostitution hétéro ! Ca me rend folle ! ! Elle dit qu'elle a trois copines qui en vivent très bien et le font "volontairement".
    Elle m'envoie des liens en interne dans la boîte dans lequel il est écrit que le modèle suédois ne marche pas. Et elle rigole quand j'essaie d'en discuter avec elle comme si j'étais une gamine qui croit au père Noel.

    On dirait qu'IL FAUT ABSOLUMENT épargner les violeurs !

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    1. Je crois que c'est impossible de se voir réellement dans un contexte, pour ça il faut en sortir. Je me souviens d'un ouvrier que j'avais accompagné pendant son licenciement hors d'une usine déplorable : pendant 2 mois, il m'avait expectoré son ressentiment sur son licenciement : je leur ai donné 20 ans de ma vie, et voilà comment me remercie cette bande de salauds ! A peu près. Puis, CV fait, recherche d'emploi sur les rails, propositions intéressantes, tournant pris, il est revenu me voir un jour de bonne humeur et m'a dit : "Je serais prêt à les remercier de m'avoir licencié de leur sale boîte ! Je ne me rendais pas compte de ce qu'ils m'ont fait subir pendant 20 ans". Je crois que c'est pareil pour tout le monde : pour survivre, ne pas se renier et accepter le pire. Ça s'appelle l'aliénation. Il faut toujours absolument épargner les maltraitants : on leur doit la survie, enfin, c'est ce qu'il nous font croire. "Ils sont grands car nous sommes à genoux". Je crois que c'est de La Boétie.

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  3. Comment cela pas de proxénétisme monsieur le journaliste ? Et le patron du bar à hôtesse et le journal d'annonces, c'était quoi, un organisme de bienfaisance ? pas de proxo pas de proxy, tout le monde il est bô il est gentil ? pas de prostituées, que des hôtesses (même racine qu'hospitalier, voir prostitution hospitalière - voir précision ici sur la coutume http://susaufeminicides.blogspot.fr/2013/11/amicale-proxene-et-feminicides.html)
    proxo déguisé, proxo maquillé, vous avez toujours eu des proxénètes qui téléguidaient l'affaire- directs et indirects-
    Qu'est-ce que l'amicale proxène est hypocrite avec ses airs de ne pas y toucher... On en reste médusées-

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    1. C'est vrai que tous ces bars, hébergeurs internet, etc... qui se font leur beurre sur le dos des prostituées, on doit les dénoncer comme proxénètes ! C'est apparent dans mon dernier paragraphe citant Courrier International : les femmes "vendent" leurs corps et les autres, à 98 % des mâles encaissent. Il n'y a pas de prostituées riches : elles sont la chair à canon de cette industrie mortifère. Merci de l'avoir dit plus clairement. La grosse arnaque de cette industrie au fond, c'est de détourner le mot liberté : une sale habitude du patriarcat qui falsifie les définitions et fait de la fausse monnaie avec les concepts les plus nobles.

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  4. ça y est, le chanteur Antoine, a lancé sa propre pétition vu que le plan Beigbeder est mort. Plus rusé que son collègue, il a rallié des femmes :
    Florence Arthaud, Mireille Darc, Chantal Goya, Catherine Deneuve, Line Renaud.
    Bon,c'est bien, on sait qui on va girlcoytter, maintenant.

    Sinon, rien à voir mais je tenais à signaler ça :http://www.radio-canada.ca/nouvelles/arts_et_spectacles/2013/11/06/010-cinema-suede-cote-feministe.shtml

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  5. La caution des femmes : important. Et très compétentes sur le sujet : laquelle a lu un texte sur la prostitution pour commencer ? Copinage...
    Merci pour le lien, je vais ce partager en français, (car déjà fait en anglais !).

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