jeudi 2 août 2012

Nena - 99 ballons contre le nihilisme masculin

NENA, artiste chanteuse populaire allemande, fait un tube en 1983 avec sa chanson 99 luftballons, clip ici réactualisé par ARTE pour la promotion de son Summer of th 80ies en 2009.



Je ne comprends pas l'allemand mais je crois que Nena déclenche une guerre avec ses 99 ballons dans ce tube rock allemand ! Elle parle bien sûr d'une guerre conventionnelle à l'issue de laquelle "il n'y a plus que des ruines dans le monde". Mais on peut aussi parler de guerre en cas de violences répétées contre les femmes en majorité, et contre d'autres hommes.

Les "faits divers" en sont actuellement pleins. Revue des plus récents :
"Drame familial" à Auxerre : un homme avant de se suicider tue sa famille en l'espèce sa femme, sa belle-mère et ses deux filles. Près de Rennes, dans un bourg sans histoire, un homme sème la panique pendant 45 minutes : deux morts. Évidemment, un divorce mal accepté serait l'explication du "coup de folie". La faute de sa femme en somme.  
La tuerie d'Aurora aux armes de guerre achetées légalement et son mass killer viennent secouer la torpeur de l'été : 12 morts dans un cinéma, espace public.

A chaque fois, la présentation des médias est la même. Rubrique Faits divers, "Drame", "drame familial", "drame de la jalousie", ou encore, comme dans le cas de Lætitia, violée, tuée puis démembrée, dont on a appris que son père adoptif était en plus un agresseur sexuel, pour l'opinion publique secouée les médias multiplient les micro-trottoirs où des gens bien intentionnés nous débitent des banalités qui révèlent la tolérance à ces violences : "on ne comprend pas, c'était un homme charmant", "une famille sans histoire", ou pire, "elle était tellement gentille, comment une telle chose est-elle possible" ? Sous-texte : si encore elle avait été une peau impopulaire dans son école, on pourrait comprendre, mais une telle charmante fille qui allait passer son bepc et qui travaillait si bien ! Les méchantes on peut les tuer, mais les gentilles, tout de même, c'est impardonnable ? Suivent  la mise en place de cellules d'écoute, l'accrochage de fleurs, de marches blanches bien inoffensives et des lâchers de ballons ! Cela donne bonne conscience et chacun ensuite reprend son train train quotidien... jusqu'à la prochaine.

JAMAIS un mot sur la violence infligée par des mecs frustrés aux femmes généralement, pas un mot sur la répétition de ces faits létaux dans une société indulgente aux mauvaises actions des garçons et des hommes, consensuelle larmoyante sur le malheur des femmes, éternelles victimes comme dans les mauvais romans populistes. Les mauvaises actions des mâles tonitruent dans la caisse de résonance des médias, pendant que la vertu et le calme des femmes, moins susceptibles de tels actes, sont passés sous silence, au mieux, car la diabolisation des femmes n'est jamais loin : il faut quand même qu'elles soient coupables aussi, autrement tout cela serait injuste ! La société est tellement tolérante aux graves défauts des garçons, et tellement taiseuse sur les qualités des filles et des femmes. Pire même, ils s'en tirent toujours avec des bénéfices : les productions culturelles sont pleines de leurs exploits négatifs, pendant que les femmes y vont à l'équarrissage faisant figuration en début de film ou de série comme pièces de boucherie, viande morte, cadavres décomposés. Jamais une question sur de telles représentations des femmes, ni sur la désastreuse éducation permissive des gars et celle tellement répressive des filles (voir dernier § : La rue, territoire des hommes). La loi du silence, l'omerta règnent. Or, comment lutter contre un phénomène qui n'est pas dit ni nommé ?

Malgré tout des gens moins consensuels commencent à s'exprimer à ce sujet dans les journaux et le silence se fissure : d'abord "Why most mass murderers are priviledged white men" -Pourquoi la plupart des tueurs de masse sont des hommes blancs privilégiés- en anglais. En résumé, l'article explique que les blancs privilégiés se trouvent chez eux dans l'espace public, ils s'y sentent légitimes (plus que les hommes noirs), et que les frustrés trouvent normal de s'y venger de leurs frustrations, les hommes noirs déchargeant eux la leur plutôt dans la sphère privée en commettant des violences conjugales et familiales. Question de statut et de hiérarchie entre dominants. La société cherche aussi chez les meurtriers noirs ou de confession musulmane des explications supplémentaires à la folie ou la maladie qui expliqueraient les actes violents des blancs : elle a tendance à leur trouver des motivations religieuses qu'elle ne suspecte jamais chez les blancs !
Deuxième article en français dans le Huffington Post, davantage axé sur les coupables de meurtres familiaux, une lettre ouverte de Sabine Aussenac titrée "Tes enfants tu ne tueras point" qui propose des solutions, partielles selon moi, mais qui sont au moins constructives, et ont le mérite de sortir du consensus ambiant et de la tolérance impuissante à ces violences.

Et puis, un souhait en conclusion, pour en revenir à Nena et ne pas rajouter du mal au malheur, il faut vraiment en finir avec les lâchers de ballons ! Ils sont un crime contre l'environnement. L'association Robin Des Bois dénonce cette sale habitude "pour célébrer soit des causes bonnes ou mauvaises" :  le ciel n'est pas une décharge ! Ou alors comme chante Nena, "il n'y aura plus que des ruines dans le monde".

Alors moins de lâchers de ballons, et plus de volontarisme contre les violences des garçons et des hommes à l'égard de la société et ses membres les plus faibles, il y faut une volonté politique et des actes.

Lien pour aller plus loin : A guide to mass shootings in America ou en page 2 on trouve deux femmes ! Malgré tout elles sont, comme les noirs, minoritaires dans ces actes criminels asociaux.

4 commentaires:

  1. Les paroles de la chanson ressemblent à ceci :

    Si tu as du temps pour moi
    Je te chante une chanson
    sur 99 ballons
    en route pour l'horizon

    Si tu penses à moi là maintenant
    Alors je te chante une chanson
    sur 99 ballons
    En route pour l'horizon

    99 ballons
    En route pour l'horizon
    Que l'on a pris pour des OVNI dans l'espace
    C'est pourquoi on a envoyé un général

    Un escadron de pilotes à sa suite
    pour donner l'alarme
    alors qu'il n'y avait à l'horizon
    que 99 ballons

    99 chasseurs à réaction
    Chacun d'entre eux était un grand guerrier
    Qui se prenait pour le capitaine Kirk
    Cela fit un grand feu d'artifice

    Les voisins n'ont pas pigé
    Et se sont sentis tout de suite visés
    Alors que l'on ne faisait que tirer à l'horizon
    Sur 99 ballons

    99 ministères de la guerre
    d'allumettes et de jerrikans d'essence
    Qui se prenaient pour des gens intelligents
    Et flairaient déjà de gras butins

    Appelaient à la guerre et voulaient le pouvoir
    Mince, qui aurait cru
    Que ca irait si loin
    A cause de 99 ballons

    99 années de guerre
    Qui ne laissèrent pas de place pour des vainqueurs
    Il n'y a plus de ministère de la guerre
    Ni de chasseurs à réaction

    Aujourd'hui je fais mon petit tour
    Voit le monde en ruines
    Ai trouvé un ballon
    Pense à toi et le laisse s'envoler

    C'est un peu la chanson pseudo rebelle à la mode des années 80. Mais c'est vrai que le ballon évoque assez la femme (on dit qu'elle a le ballon ; le ballon est symboliquement un utérus et le nombre 9 dans la cabale signifie "enfant") alors ton association entre les fous furieux qui partent à la chasse à la femme pour la descendre est très bien vue je trouve.
    Super billet.
    Le lâcher de ballons c'est une tradition très anglo-saxone, malheureusement.
    En plus, les anglais et les allemands ont du mal à s'imaginer de fêter quoi que ce soit sans gonfler des ballons.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci pour la traduction ! Elle montre qu'ils perdent quand même vite leurs nerfs ! J'adore cette chanson, même si c'est une bluette, tant pis, j'assume. J'ai vu des ballons mauves après la tuerie d'Aurora, des blancs à Rennes, c'est d'une stupidité ! Ou alors, on invente le ballon biodégradable ou mangeable par les animaux sauvages, je ne sais pas moi ! Même si je comprends bien la symbolique du ballon.

      Supprimer
  2. J'ai beaucoup aimé cette chanson mais j'ai du trop l'entendre, je crois :)

    Super coup de gueule de Sabine Aussenac ! Malheureusement nos politicien.ne.s ne font que se dorer la pilule sous prétexte que c'est l'été. A l'heure actuel je trouve indécent que les politiciens aient des vacances en plus du tas de fric qu'ils encaissent.
    Ce coup de poing sur la table doit réveiller au moins la presse à partir de maintenant !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tiens, comme on parle en ce moment en France d'attaques de requins qui boulotent du surfeur à la Réunion, et que la chasse du coup est lancée contre cette espèce menacée et très importante comme toutes les autres, Sea Shepherd France, via sa Présidente rappelle que la violence machiste sur les routes et la violence conjugale des hommes tuent vachement PLUS que les requins et que les préfets feraient pas mal de s'en occuper, c'est plus urgent :
      http://www.seashepherd.fr/news-and-media/news-290712-1.html
      Ah, ça fait du bien !

      Supprimer