La façade du corps de ferme
La chambre à coucher.
Seigles et bleuets.
La fierté de la Bintinais est d'avoir remis la main il y a 30 ans, en cherchant comme des malades, sur la poule Coucou Gris de Rennes, en crapahutant dans les champs, pour finalement en retrouver trois ou quatre chez un retraité près d'Angers, un vrai coup de bol : la race était perdue et allait s'éteindre !
Un coq de la Flèche (race locale sarthoise) plumage noir et en guise de crête rouge, deux cornes de démon ! Un de ces oiseaux m'a un jour sauté dessus à la vitesse de l'éclair, griffes et bec, j'ai eu mal pendant 30 minutes ! Race rustique : sportive et adaptée, capable de se défendre.
Et les divas (type Castafiore) du domaine :
Unie, c'est son nom, cheval (jument) de trait breton - Robe alezan brûlé, crinière blanche.
et Virgule (âne commun, nom de la race : l'adjectif la vexerait !) ; elle se précipite devant les caméras et appareils photos quand elle en voit !
Vache nantaise. Elle prend réellement la pose et me regarde. Derrière elle, une vache armoricaine, belle robe rouge bordeaux.
Veau armoricain. Mais qu'est-ce qu'ils ont à leur mettre deux boucles d'oreilles aussi grosses et ridicules ?
Nantaise à l'étable avec son veau nouveau-né.
Comme j'avais remarqué 15 jours plus tôt un autre nantais, je demande un à des techniciens agricoles ce qu'il est devenu puisque je ne le voit plus ? On l'a vendu, me répond-il prudemment. A qui ? Heu, à l'abattoir : c'était un mâle et on n'a pas pu le garder ! Effectivement, il n'y a aucun mâle dans cet élevage (hormis un ou deux boucs -chèvres des fossés) car en élevage, "les mâles ne servent à rien", me précise-t-il ! La vérité sort de la bouche des techniciens agricoles : je note, les mâles ne servent à rien.
Comme c'est l'heure de mettre au champ pour la nuit les vaches exposées à l'étable pour les visiteurs, quelques-uns de ceux-ci se précipitent pour les voir arriver dans le pré où elles vont toutes passer la nuit. Une famille, humaine celle-ci, (la mère, le fils de 3 ou 4 ans, et les deux grands parents) est près de moi qui fais des photos et, devant les cris d'excitation du petit garçon, sa mère lui explique en voyant deux vaches près du veau armoricain : "Tu as vu le papa et la maman avec leur petit veau ?" Dressage social hétérosexuel, en plus, c'est dingue ! Bon, là, je m'en mêle et explique posément qu'en fait c'est une vache et une génisse avec un veau nouveau-né, car "il n'y a pas de taureau dans cette ferme, les veaux mâles sont systématiquement envoyés à l'abattoir !". Juste pour faire œuvre de pédagogie, une bonne intention finalement. Je vois la dame commencer à se décolorer légèrement.
Zut, j'aurais gaffé ? Je suis trop franche ? Et effectivement :
- Keskeldi ? demande le petit garçon inquiet. Sa mère est verte.
- La dame dit que le papa du petit veau est dans un champ à côté, traduit-elle en me regardant l'oeil noir.
Voilà. Ces industries de l'élevage et de la viande fonctionnent sur le mensonge aux petits enfants. Si on leur disait la vérité dès le début, ils refuseraient d'en manger. Quand le pli est pris, des années plus tard, plus de problème, ils avalent leur foie de veau sans se poser de question.
Ce petit film vidéo montre qu'en deux siècles de progrès humain, de haute lutte, les esclaves se sont libérés et les femmes ont conquis leurs droits civiques, grâce à des militant-e-s convaincu-e-s qui ont fait l'Histoire ! Il ne tient qu'à nous de ne pas faire de différence entre ceux que nous choyons -chiens et chats- et ceux que nous tuons, "races à viande" qui finissent dans nos assiettes. Tous les animaux naissent comme les humains, libres.
Mouton noir d'Ouessant.