vendredi 26 novembre 2010

Le G vain - La photo de famille

Cherchez les femmes.













(On peut cliquer sur la photo pour l'agrandir)
J'en vois trois : Christina Kirchner Présidente de l'Argentine en bas à
droite ; juste au-dessus, Julia Gillard, Première ministre Australienne, et Angela Merkel, Chancelière d'Allemagne, la seule note de couleur de cette photo gris anthracite .
J'ai cherché en vain cette photo il y a une semaine : un moteur m'avait même trouvé un document prétendant que vu l'inanité de ce sommet, les participants s'étaient carapatés en refusant de voir sortir le petit oiseau ! Et puis, The Economist me l'envoie : je me demande ce que je deviendrais sans ce magazine !

Plaisanterie à part, si on continue un peu longtemps comme cela, j'ai des doutes sur la pérennité de l'aventure humaine sur la planète. D'après mes informations, "G vain" serait un jeu de mots de Jacques Attali. Enfin un éclair de lucidité ? Pas de doute en tous cas, c'est les hommes qui parlent le mieux des hommes !

Au fait, en face, c'est comment ?
Je rencontre lors d'un colloque le célèbre WWF ; en feuilletant une de leur brochures où figure leur conseil d'administration, je vois qu'il compte sur 22 membres, tous mâles et blancs, uniquement 4 femmes : pour une ONG qui défend la biodiversité, il y a plus qu'une contradiction dans les termes ! Ça la fiche carrément mal. Quand je pense que je leur envoie de l'argent et leur accorde ma signature ; je préviens que vais être contrainte à des révisions déchirantes. Mais c'est une maladie, c'est pas possible !

(Cliquer deux fois sur la photo pour l'agrandir).

J'ai évidemment profité de l'occasion pour râler demander poliment mais fermement des explications en me présentant ; après tout je suis cliente donatrice, et c'est un pouvoir. L'expérience est étonnante : les hommes présents sur le stand restent cois et attendent que l'orage passe, ils sont désormais convaincus de l'injustice et du déséquilibre qu'elle provoque ; l'attitude des femmes (pourtant bénévoles et corvéables, donc invirables !) est plus ambiguë, elle est duale : soit complice et rigolarde dans quelques cas isolés (genre, pendant que je compte : -"votre Claude / Dominique là, c'est mâle ou femelle ? - On va dire que c'est une femme, ça vaut mieux !" n'en sachant strictement rien mais souriante et ravie de l'aubaine) ou nettement plus courant, le regard effrayé par l'audace (mais qu'est-ce qu'elle raconte celle-là ?) et attendant atterrée que les dieux (mâles forcément) me foudroient sur place ne laissant qu'un petit tas de cendre, ou que la terre s'entrouvre sous mes pieds pour me faire disparaître dans les ténèbres infernales.... ce qui ne se produit pas évidemment, les dieux n'ayant aucun pouvoir, et les ténèbres infernales ne s'ouvrant pas comme cela pour un oui ou un non, pour punir par exemple une femme dénonçant la discrimination !  Un peu de courage, les filles, on a tout à gagner et RIEN à perdre. Ramenez-la, par pitié !

Crédit photo : The Economist

mercredi 24 novembre 2010

Contre le viol

Signez contre le viol, ce programme politique où le mâle réaffirme sa suprématie : une femme n'est pas violée parce qu'elle est jeune, belle, seule, aguicheuse, vieille, laide, féministe,... une femme est violée parce qu'elle est une femme.






Contre le viol 

Osez le Féminisme


samedi 20 novembre 2010

Travaux publics, bricoles, bricolos, bricolage...

Été et automne : l'enfer en ville.


Attention : travaux ! Casque de chantier obligatoire.

Lors du débat sur les retraites, on a beaucoup parlé du "travail invisible" des femmes. Je me demande si en plus d'être invisible, il n'est pas aussi inaudible. Jugez-en d'après le boucan, les nuisances sonores et les pétaradages divers occasionnés par le travail masculin :

Forages, tailles d'arbres en topiaire sur des avenues entières, réfections de façades, implantation de grues, tontes de pelouses desséchées, taille de bordures, taille de haies, pose ou dépose de stores, éventration de rues, construction d'immeubles de bureaux -peu importe qu'il y en ait de vides partout, neufs et anciens, l'idée c'est d'occuper l'espace et de réduire la biodiversité "pullulante" !- démolitions, pose de câbles souterrains, rebouchage de trous, essais d'hélicoptères et d'avions de combat, ma liste n'est pas limitative et peut être complétée. La chute des feuilles en automne va voir arriver les souffleurs masculins qui ont avantageusement remplacé le balai, trop féminin sans doute. Je me suis laissé dire que le pictogramme "femme" en mandarin s'écrit comme "homme" mais en lui rajoutant un balai !

Si dans votre quartier, vous voyez arriver ça :


Ou ça 
vous pouvez commencer à vous faire des cheveux...et éventuellement demander asile à la famille ou aux amis. Vous savez quand elles arrivent, mais pas quand elles partiront, les managers des entreprises de travaux publics n'ayant pas l'habitude ni la courtoisie de s'excuser de la gêne occasionnée avec date de début et de fin du supplice ! Ils sont sûrement persuadés que, puisqu'ils œuvrent pour le bien public (ce qui reste à prouver), ils n'ont pas à s'excuser !

Mais le pire c'est vraiment ça :

La simple vue dans le quartier de ce bras articulé à nacelle, engin érectile qui monte, descend, se déplace, balance à droite et à gauche, se replie en position de repos, pendant qu'un homme (je n'ai jamais vu de femme l'actionner, il doit pourtant y en avoir quelques-unes dans les travaux publics, je veux dire AILLEURS qu'à la compta ou au secrétariat ?) manipule le panneau de commande électronique dans la nacelle, me fait devenir nerveuse au point d'appeler tous les syndics de gestion d'immeuble dans un rayon de 2 kilomètres pour savoir d'où ça vient et surtout QUAND ça s'en va ! Il sert à tout (donc à rien) : nettoyer des vitres, ravaler une façade, changer un store dont le boitier est extérieur, monter et descendre des charges, démonter une grue ; il fait un potin monstre et fume des vapeurs délétères qui empuantissent l'atmosphère ! J'en ai subi un pendant des semaines pour un ravalement de 150 mètres de façades dans mon quartier et une employée de l'agglomération devant mon exaspération m'avait répondu que "dans certains endroits il est impossible de monter des échafaudages" ! Sur du bitume et en ville : si ça ne s'appelle pas se moquer du monde ! Évidemment, après ce traitement, j'ai développé une espèce de syndrome post-traumatique qui fait que quand j'en vois un, j'ai du mal à rester calme. 

Voici l'automne, voici le souffleur-broyeur :



Chez moi, ils passent (ça doit être planifié 6 mois à l'avance -après tout les saisons sont fixes) juste après des pluies diluviennes de hallebardes, de cordes ou comme disent les anglais, de chats et de chiens pendant trois jours et que les feuilles sont bien incrustées dans le bitume !

Chaque saison à son instrument : l'été, c'est le taille-haie, plus bénin, mais tout de même :

 
N'oublions pas les machines qui font des carottages et des éventrations de sous-sol, ni les compresseurs qui fournissent l'énergie nécessaire.



J'ai lu dans la presse que pour faire pièce à la récession (causée faut-il le rappeler par des garçons -99 %- qui perdent leurs nerfs en la jouant Game Boy en compétition imbécile entre eux dans les salles de marché des banques -et, mauvaise nouvelle, RIEN n'a changé, ils spéculent en ce moment à la hausse sur les prix des matières premières blé, riz, soja qui constituent la ration alimentaire des femmes du Tiers-Monde et accessoirement la mienne !), les collectivités locales ont carte blanche pour soutenir le bâtiment et les TP en faisant toutes sortes de travaux, y compris en s'endettant. Chez moi, c'est clairement le cas, et avec une solide mentalité de chambre de commerce à la Homais, le pharmacien de Madame Bovary ! Interrogés toutefois sur leur capacité à prendre en compte l'environnement, j'apprends que oui, le Grenelle de l'environnement leur impose de faire du développement durable ; ils sont conscients de leur emprise sur l'espace en construisant des autoroutes et des voies de chemin de fer et ils font tout pour réduire cette emprise ; je dirais de prime abord comme ça que ça ne saute pas immédiatement aux yeux !

Je ne suis pas la seule à me plaindre : Virginie Despentes qui vit à Barcelone décrit dans Apocalypse bébé la frénésie travaux de la ville en prétendant qu'on y éventre les trottoirs juste pour voir ce qu'il y a dessous ! "Boucan intense, écrit-elle, les gens klaxonnent à tout bout de champ, des machines extravagantes éventrent les sols et exhibent les entrailles de la ville, à grand renfort de bruit. Ça ressemble à une coutume locale". 
Non, ce n'est pas local, c'est universel de mon point de vue. Ça ressemble à un désordre mental, une psychonévrose en phase maniaque (euphorique) ou à un syndrome de toute puissance : lutte contre la Nature leur ennemie, méchante qui ne nous veut pas de bien (Luc Ferry dixit) et qu'il faut dominer comme la Terre, les femmes et les animaux ! Cela doit mettre du baume sur ce qu'il faut bien appeler leur frustration congénitale : prouver qu'ils maîtrisent les éléments.

Quand on a tout essayé sur terre pour détruire les nerfs des électrices, il reste l'avion de chasse :


Il suffit de cliquer ICI pour voir les dégâts qu'en temps de paix, il provoque !

L'hiver promettant (la "crise" n'est pas finie contrairement aux adeptes de la méthode Coué) sa ration de décibels au moins égale voire supérieure à celle de cet été, il reste éventuellement la solution de se réfugier sous un cairn préhistorique ?



Dans "Stratégies de la framboise" Editions Autrement, une mine décidément, voici ce qu'écrit Dominique Louise Pélegrin (page 32) à qui je laisse la conclusion : "... ce jardin-là était extrêmement bruyant. Outre la pompe qui crachait du décibel en montant l'eau du puits le soir, on y trouvait une tondeuse électrique ahurissante construite à partir d'un moteur d'hélicoptère. Mon père était le genre de type capable de récupérer dans les poubelles d'un aéroport de quoi fabriquer une tondeuse, il avait tendance à toujours repartir de zéro, fabriquait ses outils lui-même, en commençant par la table sur laquelle il allait les visser, percer, couper, souder, marteler, et tutti frutti, en appelant de temps en temps l'un d'entre nous pour l'aider. J'ai lu bien plus tard que des tronçonneuses ou des tondeuses silencieuses ne se vendraient pas plus que des marteaux-piqueurs insonores. Les activités masculines ne valent que si elles sont signalées à l'admiration des foules par un niveau sonore adéquat".

Crédits photos : divers catalogues de machines et matériaux.

lundi 15 novembre 2010

Stratégies de la framboise

Dans Stratégies de la framboise, sa "trousse de survie de l'humanité" (dit la 4ème de couverture), Dominique Louise Pélegrin raconte ses "aventures potagères" sur un mode décalé et amusant tout en étant didactique, en remplaçant les chapitres de son livre par des "Planches", les fameuses planches de légumes qu'elle tente de cultiver malgré les revers infligés par une chouette insomniaque et une taupe
folle ! J'avais lu ce livre lors de sa sortie en 2003 et il m'avait bien plu.

Voici deux citations qui illustrent de façon moins scientifique mais toutefois plus distrayante, ce que dit Christine DELPHY dans Penser le genre, le deuxième tome de L'ennemi Principal : le travail des femmes est SANS VALEUR, il ne compte pas dans les PIB*nationaux. Mon propos, ni celui de D L Pélegrin n'est pas bien entendu de prôner le retour des femmes à la cuisine par la culture du poireau, mais bien de montrer la façon dont le travail des femmes est traité selon sa destination, soit un éternel travail sans valeur (quand il se fait à l'intérieur du foyer) ou au maximum d'appoint mais salarié quand il est exécuté à l'extérieur !

" Si le poireau sort du rang, c'est toujours avec sa copine la ménagère. Ses feuilles très vertes, foisonnantes, dépassent de son panier et en constituent le principal ornement. Dans nos mythologies, la ménagère -personnage étonnant, on en parle plus qu'on ne la voit- ne sort jamais sans son panier, d'où dépasse donc le poireau. On sait qu'elle a parfois moins de cinquante ans, parfois plus, ce qui est une bien curieuse manière de définir les gens. L'âge du poireau n'est jamais précisé. Quand au panier, c'est lui le personnage principal. Le panier de la ménagère émarge à la comptabilité nationale. A la radio, c'est de lui qu'on parle.
La ménagère, malheureusement pour elle, s'est bien mal débrouillée. Tout ce qu'elle fait semble dépourvu de valeur. Une fois qu'elle a payé ses poireaux au marché, elle disparaît des échanges marchands ; or, dans notre merveilleuse société, rien d'autre ne semble exister. Qu'elle se débatte donc avec les limaces, qu'elle prépare un bon gratin pour sa famille ! Ce n'est pas considéré comme création de richesses. Au même moment, dans le restaurant le plus proche, l'employé qui lave les légumes touche un salaire. Le plat du jour, "gratin de poireaux", est affiché à tel prix, TVA comprise.
Les pieds dans la boue, la ménagère a peut être arraché les poireaux à l'aide d'une fourche, elle a abattu son couteau sur un assortiment de rubans bleus, humides et encombrants avant de fendre tout l'engrainement du poireau et de le porter sur la table de la cuisine. Si le poireau provient du potager, le fameux panier n'intervient pas ; or, comme on l'a vu, lui seul compte. Donc, dans ces cas-là, tout est gratuit et rien n'existe. On sent qu'elles sont bizarres, ces manières de compter qui nient toute l'autoconsommation des familles".

"L'élevage et le travail des champs rapportent de l'argent. Le labeur du jardin et les mille autres tâches féminines permettent surtout d'en économiser. [....] Dans le système de la ferme, un homme qui a travaillé dehors pendant des heures est en droit de trouver la table mise, du vin dans la carafe, le pain coupé, la salade dans le saladier, des légumes chauds, [....] bref, quelque chose d'élaboré et de bien présenté. Le  repas est un moment important, une récompense, le moyen de refaire ses forces. La réciproque n'est pas vraie : si une femme a travaillé particulièrement dur, jamais elle ne pourra s'asseoir et attendre ce cadeau merveilleux, que tout soit prêt quand elle arrive affamée, qu'on pose à côté de sa cuiller des plats chauds et odorants".

Christine Delphy que DL Pélegrin a lue c'est certain, compare aussi le même travail : salarié quand il se fait dans un restaurant et gratuit quand il s'agit de la cuisine familiale, et le travail des fermières payé quand elles vendent leurs produits sur les marchés et gratuit quand il est destiné à nourrir leur famille. Les PIB masculins ne reconnaissent que l'échange marchand et il sont basés sur l'exploitation, la dilapidation et la destruction des ressources naturelles, cadeaux de la nature et les femmes, j'en ai bien peur, font partie des "ressources naturelles", ressources -cadeaux de la nature, disponibles et abondantes !
* PIB : Produit Intérieur Brut

mardi 9 novembre 2010

The sexual Politics of Meat : Carol J Adams



Politique sexuelle de la viande - Une théorie critique féministe végétarienne.
Publié en 1980 aux États-Unis, il est disponible en français depuis mai 2016.


En voici les idées force :

LE POUVOIR de DONNER des NOMS 
UNE RHÉTORIQUE IMPLACABLE
Essayez dans un dîner en ville ou avec la famille de placer ces deux phrases : Je suis féministe !
Réponse invariable en vous coupant d'ailleurs grossièrement :
Ah, tu n'aimes pas les zomes ?
ET/OU
Non, merci, je suis végétarienne, en repoussant le plat de viande.
Même invariabilité de l'objection : Ah, tu n'aimes pas la viande ?

Même structure négative de phrase dans les deux cas. On pourrait vous répliquer d'un air intéressé et positif : Ah, tu défends l'égalité entre les hommes et les femmes, c'est bien ? Ou "Tu es solidaire de la vie animale, comme c'est intéressant !" qui sont quand même plus valorisants et EXACTS ! Mais non, JAMAIS vous n'aurez ce genre de réponse. Pire, vous devez vous justifier d'appartenir à la catégorie féministe ou à la catégorie végétarienne, alors que personne parmi les convives ne demandera à l'autre camp de justifier l'asservissement des femmes et des animaux dans une consommation consensuelle de leur force de travail, de leur capacité reproductive et de leur chair. Cela va de soi !

Nous vivons dans un monde patriarcal ou les hommes sont indiscutablement le maître-étalon de toute espèce humaine (d'ailleurs la question de savoir si les hommes eux, aiment les femmes ne sera pas évoquée -alors que les hommes démontrent tous les jours qu'ils n'aiment pas les femmes pour dire le moins !) et un monde où les mangeurs de viande sont légitimes, la question ne se pose même plus ! Pire, vous endossez le mauvais rôle de 1) la mégère aigrie anti-mec à poils sur les jambes ou 2) la triste convive qui essaie de dégoûter les autres des plaisirs de la table et du... lit, bref, la mal baisée, la « mauvaise vivante » par opposition à la populaire bonne vivante qui sait se comporter au lit et à table.
Je déconseille d'ailleurs de vous y risquer : votre beau-frère Jacky va vous embêter pendant tout le repas en faisant des remarques fines sur vos opinions, en se resservant trois fois de gigot en précisant qu'il n'a pas « d'états d'âmes » envers les animaux qui sont « faits pour être tués et mangés », et/ou qu'il "adore les femmes, lui" ! Ce qui n'a absolument aucun rapport. Le débat est faussé dans les deux cas, puisque vous ne parlez pas de la même chose. La réalité c'est que les féministes se battent pour l'Égalité et que les végétariens mangent sans tuer.

Les femmes, comme les végétariens n'ont pas le pouvoir de nommer : elles/ils sont tous deux face à un dominant qui a tout intérêt à les faire taire, soit en les ridiculisant, soit en diminuant la portée de ce qu'ils disent, afin de garder ce pouvoir de donner des noms. C'est la fonction du système dominant : il ridiculise tout ce qui n'est pas SON message, il vous rejette dans l'altérité, il n'y a que sa voix qui porte et son message qui est audible et recevable, et tous les moyens sont bons pour maintenir le système en l'état.

EXPLOITATION DES CORPS des femelles animales
HIÉRARCHIE ENTRE LES PROTÉINES femelles et mâles
Dans l'élevage industriel comme dans l'élevage traditionnel, le cheptel se compose de femelles exclusivement ; dans les élevages de poules pondeuses, les poussins mâles sont éliminés impitoyablement dès leur sortie de la couveuse, grosse armoire chauffée ; ils sont broyés vivants dans une vis sans fin après sexage brutal, puisque le législateur n'a pas prévu d'étourdissement avant mise à mort pour les poussins. Les porcelets mâles destinés à faire du porc charcutier sont castrés brutalement sans anesthésie avant 7 jours (conformément à la loi) car la viande de porc mâle libère des odeurs d'urine perçues toutefois par moins de 10 % de la population. Il y a bien quelques taurillons à viande destinés à faire du boeuf, mais le boeuf qu'on trouve dans les boucheries est généralement de la vache dite de réforme, c'est à dire de la vache laitière envoyée à l'abattoir, après une carrière de vêlages et de séparations d'avec son veau afin que nous puissions récupérer son lait ! La plupart des mâles sont considérés comme à peu près inutiles, voire gênants en élevage. Dans le cas des truies gestantes, (re)productrices de porcs charcutiers, on peut trouver un verrat pour 350 truies, verrat destiné à provoquer les chaleurs, mais il n'aura jamais la possibilité d'en approcher une puisqu'elles sont inséminées, artificiellement et brutalement, coincées dans leur stalle, par un technicien d'élevage, ce qui fait dire à certains que l'opération ressemble à un viol ! Le verrat est dispensable puisque dans les élevages hors-sol, on pratique la stimulation ovarienne pour aller plus vite. Pour la même raison, les mises-bas sont déclenchées. L'élevage et ses techniques devenues systématiques (insémination artificielle, stimulation ovarienne, mères porteuses, tri, sélection et implantation d'embryons, clonage), sont donc une exploitation industrielle du corps des femelles animales : on en obtient des œufs, du lait, des petits pour leur viande et le remplacement des adultes, et finalement on mange leur corps fatigué en fin de cycle. Dans ce système, les femelles animales subissent une double exploitation : durant leur vie (production de lait, oeufs, veaux, petits...) et à l'heure de la mort où elles sont envoyées à la boucherie et transformées en viande.

Les protéines animales les plus consommées et les MOINS CHÈRES, ou encore de SECONDE CLASSE sont les œufs, le lait et les sous-produits du lait, protéines femelles par excellence, la viande blanche (poulets, poules de réforme, veau,...) et enfin la viande rouge : bœuf essentiellement, cette viande étant la plus chère et considérée comme protéines de PREMIÈRE CLASSE, et destinées plutôt aux garçons -voir tous les films Charal où une mère debout dans sa cuisine, sert du steak à son garçon (toujours), démontrant que le carnisme fait partie de la culture dominante patriarcale. "La viande est constante pour les hommes, intermittente pour les femmes et les filles..., la part du lion va aux hommes, aux époux... ; les femmes souffrent de famine à un  taux disproportionné par rapport aux hommes" (7 Filles ou femmes pour 3 garçons) précise Carol Adams ; Françoise Héritier à aussi écrit quelques textes sur le sujet, j'aurai certainement l'occasion d'y revenir.

Carol Adams (parmi d'autres) distingue quatre stades progressifs dans la façon dont l'humanité s'est nourrie au fil des âges :
1- La cueillette (baie, graines, racines...) de plantes sans doute accompagnées d'insectes, de vers ou autres rampants, ou de fourmis attrapées avec un bâton, comme font les primates ;
2 - La chasse aux animaux sauvages qui suppose des instruments (lances, pointes de flèches...) et une organisation de groupe (traque) ; elle implique le violence envers (plutôt) les herbivores et à terme une division de la société entre chasseurs et non chasseurs ;
3 - La domestication des animaux et l'élevage qui impose aux animaux le contrat suivant : je te donne la sécurité contre les prédateurs, je te soigne, je te fournis la nourriture et ... je t'exécute. Les éleveurs qui vont les tuer et les animaux vivent ensemble, quelque fois dans une grande proximité/promiscuité. La mort donnée est au bout. Avec deux conséquences, la quantité donc la consommation de viande augmentent, et les protéines femelles deviennent accessibles ;
4 - Enfin, le stade actuel : l'emprisonnement des animaux via l'élevage industriel et la séparation drastique des consommateurs d'avec l'animal consommé (et d'avec les éleveurs et des tueurs d'abattoirs mal considérés et mal payés dont personne ne veut rien savoir) : ils sont tous les référents absents du chapitre suivant ; s'ensuit une augmentation exponentielle des protéines animales disponibles, donc consommées (voir billet sur la consommation de viande -conférence du SPACE) et des protéines femelles sous forme de lait et d'œufs. Avec un besoin lui aussi exponentiel de terres cultivables pour... nourrir des animaux ! Platon dans La République moquait déjà le fait que les gens de son époque gaspillaient des quantités considérables de nourriture pour leurs animaux au lieu de les utiliser pour eux-mêmes. En effet, la viande n'est que du végétal de seconde-main, les animaux se nourrissant de céréales et de légumineuses !

LE RÉFÉRENT ABSENT : Pornographie de la viande
Au rayon boucherie de votre supermarché, vous achetez des côtes de porc, du jarret de veau, une côte de bœuf.... Le morceau de viande est dans une barquette de polystyrène, posé sur une lingette qui absorbe les éventuelles gouttes de sang qui couleraient encore, le tout sous film étiqueté avec les mentions obligatoires y inclus une date de péremption. Toute référence à l'animal vivant est gommée volontairement, toute référence à un individu animal est prohibée ; LE RÉFÉRENT est ABSENT de la pièce de viande que vous achetez. En anglais, le mot qui désigne la viande d'un animal est même changé : cow, ox pour boeuf, calf pour veau, hen, chick pour poulet, pig, hog pour porc, deviennent quand ils sont viande : beef, veal, broiler et pork (animals dead, fragmented and 
renamed : animaux morts, fragmentés et renommés). La langue française n'a au moins pas cette hypocrisie !. Bien des années en arrière, dans les vitrines des bouchers on trouvait des têtes de veau ou de vaches blêmes exposées dans des plats avec des bouquets de persil dans les narines, des lapins dépiautés dont les yeux vous regardaient dans leur vitrine réfrigérée !  Aujourd'hui, c'est strictement impossible, car pas vendeur ! La volaillère chez qui il m'arrive d'acheter quelques œufs (de plein air) m'a même expliqué un matin que dans la chambre d'artisanat où elle a pris ses cours de commerce, on lui a appris à montrer une volaille au client en cachant la tête cadavérique du poulet ou de la faisane dans le creux de sa main ! Déréalisation de l'animal en MORCEAUX de viande. Les éleveurs ne donnent pas de nom à leurs animaux, ils sont identifiables seulement par un numéro ou un code barre dans le cou ou en boucle d'oreilles. Si vous donnez un nom à un animal, ce qui équivaut à faire intervenir de l'affect et une personnalisation de la relation, vous ne pourrez jamais le tuer, c'est fichu d'avance !

L'analogie avec l'industrie de la prostitution et de la pornographie est frappante : les corps de femmes dont on a au préalable changé le nom (elles travaillent toutes sous des pseudonymes) sont livrés aux clients en morceaux ; ils achètent et consomment des parties des corps : vagins, bouches, seins, etc... Il n'y a aucune relation interpersonnelle dans la marchandisation des corps. On retrouve ces mêmes parties de corps de femmes consommables et servant à vendre dans la publicité : croupes, jambes, épaules, femmes sans tête de l'industrie publicitaire que les féministes dénoncent sans relâche. Ou femmes consommables sous forme de pizzas, comparées à des blancs de poulets ou des morceaux de boeuf comme dans la dernière publicité PIZZA HUT (Trouvée chez Le féminin l'emporte - Pour voir les autres pizzas, faites défiler le bandeau). Là également on peut parler de l'absence du référent femme : on n'est pas en face d'une personne mais de morceaux de corps traités comme de la viande.
On trouve dans la pornographie une proximité avec le vocabulaire de la boucherie : quand on impose à une femme 40 à 80 ou 100 clients par nuit ou par jour, on parle "d'abattage", les femmes violées témoignent qu'on les a traitées comme un "morceau de viande", Jack l'Eventreur dans l'Angleterre du XIXème siècle dépeçait ses victimes et découpait leur cadavre, à telle enseigne que les policiers de l'époque avaient enquêté auprès des ouvriers d'abattoirs et des bouchers, et plus près de nous, les films et séries américaines nous présentent jusqu'à la nausée des scènes de crimes où il faut bien le dire, les femmes fournissent le gros des victimes équarries (on peut lire mon billet sur la série Dexter) !
La consommation de la sexualité par les hommes dans la pornographie a été perçue et critiquée par les féministes sous les expressions suivantes : "arrogance carnivore" (Simone de Beauvoir), "gloutonnerie gynocidaire" (Mary Daly), "cannibalisme sexuel" (Kate Millet), "cannibalisme psychique" (Andrea Dworkin), "cannibalisme métaphysique" (Ty-Grace Atkinson). L'ouvrage d'Adams fourmille de citations littéraires où les images d'abattoirs, de crochets de bouchers, des pénis comparés à des couteaux par les auteurs, bref des citations où les femmes sont consommées sexuellement  comme de la viande.

DÉSTABILISER LE PATRIARCAT

Les livres des religions patriarcales qui célèbrent un dieu mâle racontent la chute d'Adam, le Premier Homme, sous les efforts conjugués d'une femme, Ève et d'un animal, le Serpent ; ces deux derniers sont donc désormais vilipendés et renvoyés à l'altérité, perdant ainsi le pouvoir de donner des noms, de dire le juste, le beau, le bon et le vrai. Les animaux sont chassés, tués et mangés sous le nom de viande, au prétexte d'absorber "leur force" (lors même que dans ce 4ème stade d'élevage où nous sommes, c'est la chair épuisée des femelles animales que nous mangeons, contrairement aux temps anciens de la chasse), et les sociétés virilistes mangeuses de viande tentent de dominer la nature en absorbant des monceaux de cadavres.

Dans un système où les femmes partageraient à égalité le pouvoir, il serait normal de consommer les végétaux, ces cadeaux de la nature, synonymes d'évolution lente pour leur capacité à germer, fleurir, pourrir et renaître selon le cycle des saisons, selon Carol Adams. Récolter plutôt que chasser, violenter et tuer, vivre en harmonie avec les autres plutôt que les contrôler par le pouvoir. Eat rice, have faith in women. (Mangez du riz, faites confiance aux femmes dit Fran Winant).

"Le féminisme est la théorie, le végétarisme la pratique" dit Adams paraphrasant la percutante formule de Ti-Grace Atkinson : "Le féminisme est la théorie, le lesbianisme la pratique" !

"Scarcely a human being in the course of history has fallen to a woman's rifle; the vast majority of birds and beasts have been killed by you, not by us". (Rarement un être humain dans le cours de l'histoire est tombé sous les balles d'une femme ; la vaste majorité des oiseaux et des bêtes ont été tués par vous, pas par nous". Virginia Woolf in Three Guineas.

En guise de CONCLUSION
L'ouvrage de Carol Adams est fort de plus de 200 pages -300 en comptant les notes et les références ; il est truffé de citations et de références littéraires qui documentent une superposition d'oppressions hiérarchisées commençant par les animaux (politique de la viande), les femmes (politique sexuelle), les primitifs et les noirs (politique de la colonisation) ; devant les assiettes de riz et de pommes de terre des gens du Tiers-Monde, les journalistes hommes, blancs, occidentaux s'exclament "mais vous n'avez pas mangé de viande depuis combien de temps ?" ignorant que 80 % des protéines de ces pays proviennent traditionnellement de céréales et de légumineuses à l'inverse de nous, dont 80 % des protéines sont des céréales et des légumineuses de seconde main, issues d'animaux , protéines femelles ou protéines plus viriles de la viande rouge. J'espère que son livre sera rapidement traduit en français, car il manque au corpus des féministes françaises. Je rappelle que la famine touche un humain sur 6 : 1 milliard de personnes, parmi lesquelles 7 sur 10 sont des femmes et des filles. Il faut 7 protéines végétales pour "produire" une protéine animale.


Quelques définitions. 
Carnivores : L'institution bouchère est uniquement humaine ; tous les animaux carnivores tuent et consomment leurs proies eux-mêmes et sans instruments -"la violence [chez les humains] a besoin d'instruments" proclame Hannah Arendt. D'où la création du mot carnisme pour désigner l'idéologie de ceux qui trouvent normal de manger des animaux : en effet, ceux-ci ne tuent pas l'animal qu'ils mangent et ne le connaissent pas ; ils laissent à d'autres le soin de tuer par procuration (référents absents : ouvrier d'abattoir, animal, lieu d'abattage.. ils ne veulent rien en savoir, pire s'ils savaient ou devaient tuer eux-mêmes, ils n'en mangeraient sans doute pas !). 
Omnivores : les omnivores se nourrissent aussi bien de plantes que d'animaux, ce qui leur permet de choisir ce qu'ils ne veulent pas manger, la viande et le poisson par exemple dans le cas des végétariens ; le chien qui est omnivore peut donc être végétarien si son maître l'est ! Le chat en revanche, est définitivement carnivore.
Végétarien : mot créé en 1847, quelques années avant le mot "féministe" ! Avant, on les nommait Pythagoréens (de Pythagore, le célèbre mathématicien qui se demandait comment on pouvait manger de la chair animale !). Le mot vient du latin vegetus qui signifie complet, frais et vivant, n'en déplaise à l'idéologie sexuelle de la viande qui tend à montrer le végétal comme un légume, mot que le discours dominant à rendu péjoratif, présenté comme une nourriture de femmelette ou de dévirilisé -je pense ici aux hommes végétariens qui subissent les quolibets des carnistes. Les végétariens ne mangent pas d'animaux (ni viande blanche, ni rouge, ni poissons, ni coquillages ou crustacés) et les végétaliens ou vegan-s en anglais, ne mangent aucune substance animale (ni lait, ni œuf, ni leurs sous-produits), et pour certains, pas non plus de miel. Les végéta*iens trouvent leur ration de protéines (végétales) dans toutes les graines de céréales (blé, riz, maïs...), fruits-graines (noix, noisettes,....) ou de légumineuses (lentilles, pois, haricots dont le soja...) et différents tubercules ; ils y rajoutent évidemment les légumes feuilles, fruits et racines de saison comme les omnivores. Les protéines d'excellente qualité sont partout dans le règne végétal : ceci pour répondre à l'éventuelle -mais lancinante et omniprésente question- "Mais qu'est-ce que tu manges, alors ?" des carnistes atterrés !

Carol J ADAMS est une féministe universaliste américaine née en 1951. Végétalienne, (employant toutefois dans son ouvrage uniquement les mots vegetarianism et vegetarian), elle étudie les similarités entre les oppressions de genre et d'espèces. Son principal ouvrage The sexual politics of meat publié en 1980 est régulièrement réédité.

mardi 2 novembre 2010

G P S - Global Positioning System (Sur la route de l'industrie)

Petite anecdote de rentrée qui s'annonce sous des auspices du tonnerre, décidément !

Bien avant le blocage des raffineries (il est préférable de télétravailler en ce moment si c'est possible !), un jour dernier, sortant d'un premier rendez-vous à Rennes à la très mauvaise heure, je suis coincée dans un embouteillage sur une berge à deux voies de circulation ; comme j'ai un autre rendez-vous à Nantes quelques heures plus tard, je décide de mettre à profit ce moment pour m'avancer et repérer mon itinéraire en centre ville de Nantes. Je sors donc mon plan guide Blay orange qu'utilisent celles qui refusent de se laisser ramollir les neurones en utilisant un GPS qui peut vous envoyer par dessus une falaise pour les plus croyants et observants de la technologie, s'il n'est pas remis à jour régulièrement ! Je préfère maîtriser mon destin moi-même, et puis le sens de l'orientation est un muscle qui ne s'use que si l'on ne s'en sert pas.

Je me plonge donc dans mon itinéraire en étalant dans tout l'habitacle mon plan format toile de tente ! Je repère ma rue près du quai de la Fosse et pour bien me la mettre en tête, je stabylobosse vert fluo le Commandant l'Herminier. Satisfaite, je relève la tête et la tourne vers ma gauche, attirée irrésistiblement par mon voisin qui poireaute comme moi dans sa bulle automobile. En effet, ceci expliquant cela, il me regarde fixement depuis un moment avec un air de chien battu, droopy eyes, atterré, consterné, l'air absolument désolé. Pour moi ? Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai un truc sur le nez ? Une bubon au milieu du front ? Je me suis fichu du stabylo vert fuo
partout ? Un coup d'oeil dans le rétroviseur me rassure, j'ai ma tête normale de tous les jours.

Qu'est-ce qu'il a donc alors ce monsieur ? Tout en me posant la question, je réalise que mon plan est étalé sur mes genoux et mon volant, qu'il m'enveloppe littéralement et que sa couverture cartonnée avec en GROS et en titre NANTES sur fond orange est appuyée bien en évidence sur ma vitre ! Alors que nous sommes à RENNES. NooooN ! Pas possible ! Je n'ose pas imaginer (je lui jette à nouveau un coup d'oeil furtif) qu'il pense que JE ME TROMPE DE VILLE ? Pour lui, je serais à Rennes tout en cherchant ma route sur un plan de NANTES ? Vu sa tête en tous cas, c'est plausible. Je décide donc de renforcer la croyance, puisque j'ai définitivement mauvais esprit : je fais mine de chercher dans la liste alphabétique de rues, retourne le plan plusieurs fois et jouant l'excédée, le rejette sur le siège passager. Mais le bouchon commence à se résorber, nous avançons jusqu'aux feux où nos routes à moi et mon compagnon automobiliste involontaire et à piètre image du sens de l'orientation des femmes, vont pour toujours se séparer.

En tous cas, je vais faire comme les éthologues : tenter de renouveler l'expérience. N'importe quel scientifique vous le dira : il faut être rigoureuse. Lors de prochains déplacements, équipée de différentes cartes, je planifie de consulter le plan du MARSEILLE à Segré ( 6400 habitants) et celui de LONDRES au Mans ! On va bien voir. Je vous tiens au courant.

Nota Bene pour ceux qui croient que grimper en haut des arbres pour retrouver le chemin de la ferme au retour de la chasse - ce qui implique agilité, force et sens de l'orientation- seraient une fonction et des facultés masculines : 1) Il n'est absolument pas prouvé, personne n'étant revenu en assez bon état pour témoigner, que les femmes ne chassaient pas le mammouth en bandes et pour leur compte en prenant des repères pour s'en retourner chez elles ;  2) J'ai trouvé dans l'ouvrage de Carole Adams Politique sexuelle de la viande que je relis en ce moment, une réflexion d'Alice Walker (auteure de La Couleur Pourpre) évoquant la possibilité que les femmes n'auraient pas éprouvé le besoin de chasser parce qu'elles mangeaient autre chose ! Toutefois, revenir de cueillette en forêt implique le même sens de l'orientation que revenir de la chasse ! A creuser donc, et prudence sur les conclusions hâtives ;  Et 3) Quoi qu'il en soit, il ne vous a sûrement pas échappé que désormais, le centre commercial Mammouth est fléché au prochain rond-point !